Avant-Propos

La Belgique est l’un des pays les plus avancés en matière de droits LGBTQI+ : deuxième pays du monde à officialiser le mariage entre personnes de même genre en 2003, loi contre les discriminations la même année, adoption pour les couples homosexuels en 2006, PMA jamais interdite aux femmes lesbiennes, pour les personnes trans*, droit de modifier leur genre et leur prénom sur simple déclaration à la commune depuis 2018, … 

Mon objectif premier est de consolider ces droits conquis de haute lutte par les associations et militant·es LGBTQIA+ que je tiens d’ailleurs à remercier pour leur travail exceptionnel. 

Les LGBTQI+ qui vivent dans notre pays rencontrent encore de nombreuses difficultés, discriminations ou violences, d’autant plus lorsqu’ils font partie des groupes les plus vulnérables ou se trouvent à l’intersection de plusieurs discriminations.

Dès le début de mon mandat, j’ai tenu compte dans chacunes de mes décisions des réalités des personnes LGBTQI+. Par exemple, pendant la pandémie, j’ai permis l’ouverture de plus de 30 places d’hébergement d’urgence pour des jeunes LGBTQI+ pour qui rester confinés avec leur famille était devenu intenable voire dangereux. 

En parallèle, j’ai œuvré au renforcement structurel du secteur. J’ai donné à mes administrations les moyens de mener des politiques ambitieuses et efficaces pour les personnes LGBTQI+ sur le long terme. J’ai également dégagé des budgets pour soutenir la société civile LGBTQI+ à travers du financement structurel et des appels à projets, ce qui n’avait jamais été fait au niveau fédéral. 

Avec Petra de Sutter, nous œuvrons pour une administration plus inclusive. Nous avons notamment mis sur pied une charte Diversité avec les directeurs des différentes administrations. 

Beaucoup de manquements législatifs peu connus compliquent la vie des personnes LGBTQI+ au quotidien. Par exemple, l’arrêté royal octroyant la gratuité des contraceptifs féminins a été modifié à ma demande afin de permettre aux hommes trans d’y avoir accès. Je réalise un travail de fourmi pour identifier ces manquements et les combler. 

Chaque jour, j’ai mis un point d’honneur à donner de la visibilité aux personnes LGBTQI+, à faire connaître leurs combats et à donner la parole aux personnes concernées : en célébrant les “journées internationales”, en rencontrant et valorisant une multitude d’associations de terrain, en appliquant systématiquement une lecture intersectionnelle aux politiques du Gouvernement, en étant active sur le plan international pour défendre les droits LGBTQI+ face aux régressions de certains pays conservateurs. Il me tient à cœur qu’elles aient de véritables références, de véritables rôles-modèles, et que l’on popularise les termes et les réalités qui les concernent.  

Beaucoup de travail de l’ombre a été réalisé ces derniers mois. Je me réjouis d’en voir les fruits dans les semaines et mois qui viennent. 

Le Plan Pour une Belgique LGBTQI+ friendly

Ce 13 mai, mon Plan Fédéral pour une Belgique LGBTQI+friendly a été adopté par le Gouvernement. Il contient 133 mesures portées par 10 ministres pour soutenir, protéger et valoriser les publics LGBTQI+. 

Les domaines d’actions de ce plan sont : la Santé, le Travail, la Justice, les Affaires intérieures, les Affaires étrangères, la Coopération au développement, la Fonction publique, Asile et migration, Égalité des chances, la Mobilité.

En voici les grands axes : 

 Des soins de santé adaptés et respectueux

Les personnes LGBTQI+ rencontrent de multiples obstacles dans l’accès aux soins pour différentes raisons : la peur de révéler leur identité de genre, leur orientation sexuelle ou leurs caractéristiques sexuelles, le manque de connaissance de leurs réalités spécifiques ou encore des LGBTQI+phobies explicites et implicites rencontrées encore trop fréquemment dans ce milieu. 

Quelques mesures pour rendre les soins de santé plus inclusifs :  

  • création d’une Maison Arc-en-Ciel de la santé au sein du projet « la Cour des Grands Carmes »;
  • renforcer les formations pour le personnel soignant; 
  • faciliter administrativement le remboursement des soins pour les personnes transgenres et intersexuées; 
  • lutter contre la stigmatisation de la transmission du VIH.




Adapter la législation afin qu’elle comble les manquements actuels

La Belgique dispose d’un des meilleurs cadres législatifs du monde sur les questions LGBTQI+. Cela n’est pas une excuse pour se reposer sur nos lauriers. Des avancées législatives sont encore nécessaires et nous nous engageons à y travailler durant cette législature : 

  • interdire les thérapies de conversion; 
  • interdire les opérations et traitements non nécessaires et non consentis chez les mineurs intersexes; 
  • adapter la Loi trans* selon les exigences de la Cour Constitutionnelle. 

Renforcer la Sécurité

La majorité des personnes transgenres a déjà été victime de violences dans l’espace public. Seule 1 personne LGBTQI+ sur 4 dépose plainte suite à une agression. La qualité de l’accueil par la police est encore trop aléatoire. Et nos chiffres officiels sur les questions de sécurité sont très lacunaires. 

Notre objectif est d’améliorer la lutte contre les violences et discours haineux envers les personnes LGBTQI+. Le plan d’action prévoit plusieurs mesures dans ce domaine:

  • sensibiliser les policiers à l’accueil des personnes LGBTQI+; 
  • organiser des journées de formation et de suivi des policiers de référence; 
  • améliorer l’enregistrement des délits de haine et discours haineux; 
  • supprimer l’inégalité des poursuites des différents types de délits haineux; 
  • améliorer la diversité au sein de la police, en soutenant le réseau de policiers LGBTQI+ (Rainbow Cops); 
  • former le personnel de la SNCB à l’accueil et la prise en charge des publics LGBTQI+. 

Un monde du travail inclusif

Encore aujourd’hui 1 personne sur 2 n’ose pas faire son coming out sur son lieu de travail. Ce sont pourtant des lieux où l’on passe énormément d’heures dans sa vie. Tout le monde devrait se sentir libre de parler de sa vie privée, de sa famille, de son ressenti sur son lieu de travail. Par ailleurs, les personnes LGBTQI+ sont encore sujettes à des discriminations à l’embauche et ont moins d’opportunités de carrière que les autres. Ces injustices peuvent éloigner durablement certaines personnes LGBTQI+ de l’emploi avec le risque de les voir basculer dans la pauvreté. 

Plusieurs mesures visent à rendre le monde du travail plus inclusif, à commencer par les services publics qui doivent être exemplaires : 

  • intégrer la thématique spécifique LGBTQI+ dans les formations destinées aux inspecteurs du travail; 
  • encourager les formations de conseiller en prévention  – aspects psychosociaux (CPAP) – à prendre en compte la thématique spécifique LGBTQI+; 
  • adapter la législation concernant la protection des témoins de discriminations contre les représailles, notamment face à des cas de transphobie ; 
  • soutenir financièrement le réseau de travailleurs fédéraux BeProud et encourager d’autres initiatives comme TrainBow (réseau ferroviaire) ou Beldefrac (défense) ; 
  • mettre en place d’une politique inclusive au niveau des ressources humaines et d’une communication LGBTQI+friendly. 

Approfondir les connaissances

La recherche portant sur les questions LGBTQI+ a connu une croissance considérable ces dernières années mais elle doit encore être approfondie. La diversité au sein de la communauté nécessite des travaux spécifiques, public par public, domaine par domaine. L’histoire des mouvements LGBTQI+ est également mal connue et mal conservée. Voilà pourquoi j’ai décidé de financer la Kazerne Dossin pour réaliser une recherche portant sur les homosexuels et Lesbiennes dans l’Europe nazie qui débouchera sur une exposition. Je commanderai plusieurs études, dont une portant sur les mouvements “anti-genre” en Belgique. 

Former de nombreux professionnels et lutter contre les discriminations

Des formations à destination du personnel en contact avec des personnes LGBTQI+ sont prévues dans de très nombreux domaines : Fedasil, CGRA, Office des Etrangers, acteurs du Droit du travail, police, SNCB, Infrabel, HR Rail, … 

Soutenir la Société civile

La société civile LGBTQI+ joue un rôle de premier plan dans la défense et la revendication des droits des personnes concernées mais aussi dans le suivi, l’accompagnement et la réorientation des ces publics vers les services adaptés. Les associations de terrain belges jouent également un rôle important sur le plan international. Leur travail et leur plaidoyer sont des missions d’intérêt public à part entière qui méritent d’être financées et pérennisées. La société civile doit être indépendante et valorisée et les administrations renforcées.  

  • renforcer Unia pour lui donner les moyens d’accompagner correctement les victimes;
  • financer structurellement les coupoles LGBTQI+ du pays (pour la première fois au Fédéral); 
  • lancer un appels à projets à destination des associations sur les questions de genre et LGBTQI+ (pour la première fois au Fédéral) ; 
  • renforcer les moyens de l’Institut pour l’Égalité des Hommes et Femmes afin qu’ils puissent mieux prendre en compte les questions trans* et inter*.

Pour conclure, je veux rappeler qu’il ne suffit plus d’être “tolérant” envers les personnes LGBTQI+. Face aux discriminations qu’elles subissent, nous devons nous lever pour défendre leurs droits, activement, ne rien laisser passer et activer les leviers qui sont à votre disposition du local à l’Europe! La mère des batailles c’est le changement des mentalités, c’est apprendre tôt que les identités et orientations LGBTQI+ ne sont pas des choix et ont la même valeur que celles considérées comme étant “la norme”. Pour cela il faut que toutes et tous s’engagent, pour faire de notre pays le lieu où tous les LGBTQI+ sont libres et respectés. 

Vous pouvez consulter le Plan dans son intégralité ici : Pour une Belgique LGBTQI+ friendly