Question orale déposée en juin 2025 mais posée au Ministre Beenders en commission le 22 octobre 2025. Lien vers le compte rendu complet de la Commission
Ma question :
Monsieur le ministre,
Ma question remonte un peu, vu qu’elle avait été reportée à plusieurs reprises, mais elle reste évidemment toujours d’actualité.
Le samedi 14 juin à Liège, un homme a été violemment agressé et dépouillé après avoir été piégé via l’application de rencontres Grindr. Un faux rendez-vous, un lieu isolé, quatre agresseurs : un guet-apens bien préparé.
Ce n’est pas un cas isolé. Depuis deux semaines, Liège est sujette à une recrudescence d’agressions homophobes orchestrées via l’application.
La Maison Arc-en-Ciel de Liège parle d’actes prémédités et homophobes. Et elle a raison. Ce ne sont pas des faits divers, mais les signes d’une tendance profonde. Les chiffres sont clairs : les agressions homophobes sont en hausse. Les auteurs sont souvent jeunes, en groupe, et les discours haineux en ligne ou dans la rue alimentent ces passages à l’acte. Et les victimes n’osent pas porter plainte : seules 14 % le font.
Monsieur le Ministre,
- Quelles initiatives avez-vous prises? Des contacts avec le Bourgmestre de Liège, le chef de corps et le Ministre de l’Intérieur ont-ils eu lieu?
- Des arrestations ont-elles eu lieu?
- Comment faire en sorte que les personnes agressées à Liège portent plainte afin de mettre fin à ces agressions en série? Une campagne va-t-elle être lancée?
- Des contacts avec Grindr sont-ils en cours?
La réponse du ministre :
Madame Schlitz, je vous remercie de votre question. D’emblée, permettez-moi d’être très clair: je condamne toute forme de violence envers les personnes en raison de leur orientation sexuelle. Ce qui s’est passé à Liège n’a rien à voir avec une version moderne de Robin des Bois. Il s’agit d’attaques lâches et ciblées contre des personnes qui veulent simplement pouvoir être elles-mêmes. Ces actes sont inacceptables et n’ont pas leur place dans une société qui place l’égalité et le respect au cœur de ses valeurs.
Le rapport annuel récent ainsi que les données d’UNIA confirment la tendance que vous évoquez: les violences homophobes sont en augmentation. Il s’agit souvent d’attaques physiques extrêmement violentes. En 2024, plusieurs dossiers ont à nouveau été ouverts pour des infractions haineuses visant des personnes LGBTQIA+, notamment via des applications de rencontre comme Grindr. La Justice a agi de manière adéquate dans un autre cas similaire à Bruxelles. C’est important, parce que cela démontre que de tels faits ne restent pas impunis.
En ce qui concerne les enquêtes judiciaires en cours et d’éventuelles arrestations pour le cas liégeois, cela ne relève pas de ma compétence. Je vous invite dès lors à vous adresser à mes collègues de la Justice et de l’Intérieur. En revanche, ce qui relève de ma compétence, c’est de faire en sorte que chacun et chacune se sentent en sécurité dans notre société, quels que soient son orientation sexuelle, son genre, son origine ou sa religion. Dans le cadre de mes compétences, je mobilise tous les moyens disponibles pour lutter contre cette forme de violence.
Comme annoncé dans mon exposé d’orientation politique et ma note de politique générale, je souhaite développer une politique axée sur la lutte contre les violences à l’égard des personnes LGBTQIA+ en améliorant l’accueil et le suivi des victimes, en agissant de manière cohérente à l’encontre des auteurs et en incitant la population à devenir des témoins actifs.
À cette fin, je soutiendrai mes partenaires gouvernementaux dans le cadre de leurs compétences respectives, afin d’intégrer au futur plan d’action interfédéral des mesures ciblées et efficaces contre le sous-signalement, notamment par la formation des acteurs publics concernés.
J’examine également quelles actions peuvent être envisagées dans le cadre de mes propres compétences, y compris une éventuelle campagne de sensibilisation sur ces thématiques. Je reste donc vigilant.
Je continue à m’exprimer haut et fort, surtout aujourd’hui, à une époque où l’homophobie et d’autres formes de discrimination refont surface à travers le monde. Les droits n’étant jamais acquis, nous devons les défendre chaque jour. C’est ainsi que je conçois ma mission en tant que ministre et en tant qu’être humain. Je vous remercie.
Ma réplique :
Je vous remercie pour vos réponses. Pour pouvoir avancer dans ce dossier, il est vraiment essentiel de pouvoir, à la fois, mener une action coordonnée – évidemment avec la Justice et l’Intérieur – et, d’autre part, intensifier les contacts avec les plateformes. Nous en avons encore parlé ce matin avec UNIA, à propos des discours haineux en ligne. Cela reste donc un problème dans nos démocraties, auquel il est indispensable de s’attaquer.

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