Question orale posée à Vanessa Matz, Ministre de la Régie des Bâtiments, le 23 septembre. Le compte rendu complet se trouve ici.

Madame la ministre,

Il me revient que, voici deux semaines, les annexes du palais de justice de Liège ont été inondées. D’après mon témoin, « cela allait bien arriver un jour car, dès qu’il pleut, les caves du palais sont inondées ».

Madame la ministre, c’est évidemment une situation dont vous héritez. Vous n’avez pas construit un bâtiment défectueux. On est bien d’accord. Mais admettez que cette situation est sidérante parce que ces annexes du palais sont, pour une fois, des bâtiments relativement récents qui permettent d’héberger des services normalement dans de bonnes conditions. Et pourtant, même dans ce cas, cela ne fonctionne pas.

À quoi sont dues ces inondations à répétition ?
La responsabilité de l’entrepreneur est-elle engagée ?
Peut-on se retourner contre lui ou faire fonctionner une assurance ?
Ou bien est-ce de nouveau la Régie des Bâtiments qui va devoir payer pour les erreurs de certains ?
Où en est la réparation des dommages ?
Des travaux plus structurels devront-ils être réalisés ?

On m’indique également qu’il y aurait des champignons dans la cave. Or, les dossiers sont stockés dans cette cave et les collaborateurs doivent s’y rendre régulièrement pour aller les chercher. Certains s’inquiètent pour leur santé.

7. Quelles garanties avons-nous que ces travailleurs ne mettent pas leur santé en danger en se rendant dans cette cave ?

Réponse de la Ministre Matz :

Madame Schlitz,

Cette inondation est survenue à la suite des fortes pluies qui ont eu lieu le week-end des 13 et 14 septembre. À ce jour, pour identifier la cause réelle, plusieurs pistes ont été soulevées mais doivent encore faire l’objet d’une analyse plus approfondie.

Il est à noter que le local de la cabine haute tension se trouve sur la voirie pavée, rue de Bruxelles. Cette voirie est complètement défoncée et n’assure plus pleinement son rôle de canalisation des eaux pluviales vers les avaloirs des rigoles. Cette voirie a déjà fait l’objet d’une rénovation complète à plusieurs reprises. Par ailleurs, historiquement, l’ensemble des extensions en sous-sol a été fait sous différents phasages, avec des réorientations du projet. Les étanchéités censées protéger les infrastructures souterraines ont probablement souffert des tergiversations sur l’avenir de la construction de ce site.

La Régie des Bâtiments a mandaté en urgence plusieurs entreprises, chacune spécialisée dans son domaine, en vue de rétablir l’alimentation électrique dans les plus brefs délais. Dès le lendemain de l’incident, à savoir le lundi 15 septembre en fin de matinée, l’installation électrique était à nouveau fonctionnelle, à l’exception de certains tableaux. Ceci a permis au SPF Justice d’assurer pleinement sa mission dès le surlendemain de l’incident.

De manière curative, une solution de collecte des eaux a été installée en plafond du local à l’endroit de la zone d’infiltration constatée, et les eaux redirigées vers une décharge d’égout. De manière préventive, la Régie des Bâtiments enclenchera les actions nécessaires découlant de l’analyse de la cause réelle de ces infiltrations.

Quant aux champignons, je ne peux répondre à la question de savoir s’il y a eu danger pour la santé. C’est au SPF Justice de procéder aux analyses nécessaires. Je prendrai rapidement contact avec ma collègue, la ministre de la Justice, pour vérifier les travaux à réaliser au niveau du bâtiment par la Régie.

Ma réplique :

Madame la ministre, je vous remercie pour ces informations.

La rue de Bruxelles est à mon sens une voirie régionale. La résolution du problème serait donc du ressort de la Région. Plus globalement, on ne peut résumer cet incident au simple délabrement de la voirie. Cet exemple illustre notre vulnérabilité par rapport au dérèglement climatique qui génère des fortes pluies de manière beaucoup plus régulière et fréquente.

Une nouvelle étude sortie aujourd’hui montre encore la vulnérabilité de la Wallonie face au changement climatique. Selon cette étude, entre 2030 et 2060, dans un scénario à plus deux degrés, il y aura deux fois plus d’épisodes de pluies extrêmes avec des risques d’inondation grandissants. Or, nous demeurons dans une dynamique d’artificialisation des terres en Wallonie, dont à Liège.

Aujourd’hui, il faut effectivement rénover la rue de Bruxelles, ce qui plaira également aux cyclistes, d’ailleurs. Mais il faut aussi agir sur la réduction de notre vulnérabilité face à ces fortes pluies, notamment en limitant l’artificialisation des sols, avec davantage d’arbres et de mini-forêts, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui. J’espère que, lorsque vous menez des concertations avec vos homologues de la Région wallonne et de la Ville de Liège, vous leur portez ce message.

J’entends que la santé des travailleurs ne relève pas de vos compétences. Nous déposerons une question à ce sujet auprès de la ministre de la Justice. Il n’est en tout cas pas acceptable de laisser des travailleurs et des travailleuses dans de telles circonstances, puisqu’ils se demanderont, à chaque annonce de fortes pluies, ce qu’il adviendra de leur lieu de travail. Il faut aujourd’hui agir pour trouver les causes du problème.