Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues,

ce matin, j’ai rencontré des milliers de jeunes qui manifestaient pour le climat dans les rues de Bruxelles. Madame la ministre, vous devez savoir que ces jeunes parlent beaucoup de vous, mais malheureusement pas en bien.

En fait, ils en ont marre des excuses. Ce qu’ils attendent, ce sont des actes forts. Il est donc temps d’arrêter de leur expliquer que vous travaillez beaucoup, mais qu’ils ne comprennent pas très bien. Cela ne prend plus! Ces jeunes ne veulent pas de coach climat dans leur école, ils veulent une loi Climat. C’est peut-être dans votre gouvernement qu’il faudrait un coach climat. Ces jeunes ne veulent pas non plus de discussions avec les entreprises. Ce qu’ils attendent, c’est que votre gouvernement interdise aux multinationales de produire du plastique ou du CO2 de façon inutile pour une croissance à tout prix. Vous devez absolument leur imposer d’investir dans les alternatives, si vous voulez que les choses changent.

Madame la ministre, comment comptez-vous répondre aux préoccupations de ces milliers de jeunes pour qu’ils puissent retourner en classe l’esprit serein et éviter qu’ils continuent à manifester toutes les semaines, pendant des mois?

Je vous ai entendue, ce matin, à la radio, évoquer enfin la mise sur pied d’une loi Climat. S’agissait-il de paroles en l’air ou s’agissait-il d’un véritable engagement?

Marie-Christine Marghem, ministre (réponse collective)

Monsieur le président, chers collègues, tout comme vous, j’ai eu l’occasion de rencontrer les jeunes qui sont de plus en plus nombreux à manifester dans les rues.

La rencontre que j’ai eue avec eux, hier, à mon cabinet, a été source d’enseignements précis. En effet, au-delà de ce qu’ils peuvent entendre quant à ce que le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux font dans ce pays, ils veulent, pour leur avenir, une ou plusieurs actions fortes qui montrent que nous sommes radicalement tournés vers la solution qui leur permettra d’envisager un avenir serein. C’est pour cette raison que les ministres régionaux et moi- même avons décidé, à Katowice, de nous réunir de façon très resserrée afin d’améliorer la gouvernance climatique et la convergence de nos politiques. En effet, comme vous l’avez signalé à l’occasion de vos interventions, il y a eu le pataquès du vote négatif de la Belgique sur la directive relative à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables.

C’est ainsi que, avec Mme Fremault, présidente de la Commission nationale Climat, nous avons décidé de nous réunir très régulièrement. D’une part, nous voulons élaborer ensemble un cadre de gouvernance qui soit plus performant et transparent. D’autre part, nous voulons réfléchir à une agence interfédérale du climat et à une loi Climat. Dans le cadre de la Commission nationale Climat, l’enceinte dans laquelle nous travaillons, cette loi interfédérale Climat viendrait remplacer l’accord de coopération de 2002, qui doit manifestement être réformé. En effet, cet accord de coopération montre que la gouvernance climatique n’est pas suffisante.

J’en viens aux affirmations de […] Celui-ci avait bien commencé son intervention et a un peu fléchi vers la fin. Monsieur, les entreprises que vous citez sont des entreprises qui participent, comme vous l’avez dit, au marché ETS. Elles sont pénalisées, dans le cadre de ce marché, par une augmentation significative du prix de la tonne de CO2 qui est passé récemment de 5 à 25 euros. L’argent récolté, puisqu’il y a échange à la bourse européenne, permet au gouvernement de ce pays de financer des politiques climatiques, notamment dans les Régions, en visant l’amélioration de l’efficacité énergétique et le verdissement du transport.

Il est donc très important d’allier, dans la lutte contre le réchauffement climatique, toutes les forces vives. De votre part, cela ne m’étonne certainement pas, mais je suis étonnée que, parfois, on oppose des choses sur lesquelles on devrait travailler de manière convergente.

Je veux parler non seulement des politiques aux différents étages de ce pays, des parlementaires et des politiques participant à l’exécutif, avec la résolution interparlementaire sur le climat qui a été votée le 20 décembre, mais aussi du niveau européen. Il faut encore ajouter les entreprises elles-mêmes qui participent, avec le bras de levier financier qui leur est propre, à différentes actions, notamment dans le verdissement de la production d’énergie. En effet, les entreprises que vous avez citées ont, d’une part, un quota et une évaluation très favorables en matière de reconfiguration de leurs procédés de production. D’autre part, certaines sont également des vecteurs d’installations de production d’énergie propre. Il me semble donc important et cohérent que nous puissions tous travailler ensemble. C’est le but de l’agence interfédérale Climat dont la structure sera destinée à être permanente. Elle confèrera plus de transparence à une gouvernance qui sera davantage mathématique et transcendera les différents gouvernements, afin de répondre à l’urgence climatique.

Ma réplique

Madame la ministre, je vous remercie pour vos réponses qui sont définitivement insatisfaisantes au regard des questions que je vous ai posées.

Une des interpellations qui m’a le plus marquée ce matin est celle de jeunes affirmant: « Vous, vous mourrez de vieillesse et nous, si nous ne faisons rien, nous mourrons du changement climatique ». Je pense que c’est exact et ils ont une lucidité extrême. Face à celle-ci, je pense que votre gouvernement n’est pas à la hauteur.

Nous devons prendre nos responsabilités de façon horizontale, à tous les étages de la Maison Belgique et dans toutes les matières. Vous avez évoqué les voitures de société ce matin. Il faut agir en la matière. Pour l’interdiction des pesticides et bien d’autres matières, nous devons lutter de façon transversale contre les changements climatiques.

Nous devons aussi montrer l’exemple et nous positionner en leader sur la scène internationale. Nous en avons les moyens en tant que pays riche. Nous devons prendre nos responsabilités vis-à-vis de ceux qui vivent ailleurs et des générations futures.