Question à François Bellot sur l’adaptation du chemin de fer à l’urgence climatique

29 Jul 2019 | Climat, Mobilité, Questions Parlementaires

Monsieur le président, monsieur le ministre,

cette question a été déposée cet été. Depuis lors, les conditions météorologiques ont un peu changé mais il me semble important de revenir sur les événements qui ont eu lieu pendant la canicule.

Le mois de juillet a été marqué par des températures extrêmes jamais enregistrées en Belgique qui ont engendré de fortes perturbations sur le réseau ferroviaire belge et la suppression de dix-neuf trains de pointe. En cause, les rails et les caténaires qui se dilatent, rendant la circulation des trains difficile voire impossible.

Comme on le sait, les événements liés aux changements climatiques seront de plus en plus fréquents dans les mois et années à venir.

  • Comment la société Infrabel compte-elle dès lors anticiper ces épisodes caniculaires répétés
  • Avez-vous déjà réalisé des études sur la manière dont procèdent les pays voisins qui sont habitués à des températures de cet ordre-là?

François Bellot, ministre:

Monsieur le président, madame Schlitz,

le Plan fédéral d’Adaptation aux changements climatiques 2016-2018 comprend deux mesures pour l’infrastructure ferroviaire: d’une part, cartographier les vulnérabilités du réseau ferroviaire et, d’autre part, prendre en compte les effets attendus du changement climatique dans la planification à long terme des chemins de fer.

À la suite de ces mesures, Infrabel a analysé les éléments critiques, à savoir le dimensionnement du drainage en cas de fortes précipitations. Nous avons, en effet, eu plusieurs cas de rails emportés lors de fortes pluies, notamment dans les zones sensibles aux coulées de boue. Infrabel ajustera les directives internes relatives au drainage pour les travaux de rénovation et les nouvelles infrastructures dans le cadre d’un ensemble plus large de directives techniques pour l’hydraulique. En outre, Infrabel prend des mesures préventives contre la chute d’arbres sur le domaine ferroviaire ayant un impact sur le trafic ferrovaire.

Infrabel participe régulièrement à des sessions d’information sur le réchauffement climatique et consulte également les parties prenantes pour déterminer les actions à adopter.

En ce qui concerne les rails, la technique des longs rails soudés est généralisée sur le réseau ferroviaire belge, comme sur les réseaux voisins de pays parfois beaucoup plus chauds. Je pense à l’Espagne et à l’Italie.

Cette technique fait l’objet d’une fiche officielle établie par l’Union internationale des chemins de fer (UIC). Un groupe de travail en vue de mettre à jour ce document est en cours. Infrabel y participe activement. Étant donné que les autres membres de l’UIC sont également impactés par la survenance de chaleurs exceptionnelles, le partage des expériences au sein de ce groupe de travail nous permettra d’identifier les adaptations les plus appropriées qui devront être apportées lors de la pose et la maintenance de la voie, en vue de garantir sa stabilité par fortes chaleurs.

En ce qui concerne les caténaires, Infrabel dresse l’inventaire des cas les plus exposés aux effets de dilatation. Ensuite, à l’instar des actions entreprises pour les réseaux ferroviaires des pays voisins, pour chaque cas, la caténaire sera équipée avec des isolateurs ou des gaines isolantes spécifiques. Que ce soit pour les caténaires ou pour les voies, Infrabel utilise les mêmes matériaux que ceux utilisés par les réseaux voisins.

J’ouvre une parenthèse. J’ai vu que, dans un autre pays, ils avaient testé cet été des rails peints en blanc afin de réduire l’absorption des rayons lumineux. Je pense que c’était en Allemagne. Nous n’avons pas les conclusions de ce test. Je suppose que l’UIC les recevra.

Ma réplique

Monsieur le ministre,

je vous remercie pour vos réponses, élargies à d’autres événements liés au changement climatique. Je suis rassurée de savoir qu’une réflexion est déjà en cours. Il faut à présent prendre la mesure de l’urgence. Nous ne sommes pas en train de parler d’un plan étalé sur dix ans, mais de mesures à mettre en place dès demain afin que, l’été prochain, le nombre des perturbations sur le rail diminue. Il est essentiel d’avoir bien conscience de l’urgence à laquelle nous faisons face.

Par ailleurs, je me demande aussi quels sont les budgets réservés à ces mesures car celles-ci coûteront, forcément. Je vous poserai d’autres questions dans l’avenir.