Avec la Ministre de la Coopération au Développement, Meryame Kitir, nous avons travaillé ensemble pour soutenir des projets visant à aider des femmes et filles ukrainiennes victimes de violences sexuelles. Ainsi, 2,5 millions d’€ seront alloués au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et au Global Survivors Fund. L’UNFPA fournit des soins médicaux ainsi qu’une assistance psychologique et juridique aux survivantes et survivants de violences sexuelles en Ukraine. Le Global Survivor Funds, lancé en octobre 2019 par le Dr Denis Mukwege et Nadia Murad, travaille avec le gouvernement ukrainien sur un système permettant d’accorder des réparations aux victimes. Reconnaître les victimes et confronter les auteurs est une étape essentielle pour permettre la guérison.

 

Le crime le plus tabou

 

Comme dans toutes les situations de crise, les femmes ukrainiennes subissent les conséquences de la guerre de manière spécifique et disproportionnée. Les organisations ukrainiennes et internationales ont constaté que le risque de violence sexuelle, d’exploitation et de traite des êtres humains lié à l’actuel conflit a augmenté de manière exponentielle depuis l’invasion de février 2022. Par exemple, rien qu’entre le 1er avril et le 14 avril 2022, plus de 400 rapports ont été adressés au Commissaire aux Droits Humains du parlement ukrainien. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les civils dans les territoires occupés ne reçoivent pas les soins nécessaires et ne sont pas en mesure de porter plainte. Il faut énormément de courage pour se présenter en tant que victime de violence sexuelle. La peur des représailles et la menace permanente d’agression que représente l’occupation contribuent à la sous-déclaration des violences sexuelles. De plus, il est désormais avéré que les agressions sexuelles sont utilisées par les soldats russes comme arme de guerre sur les femmes comme sur les enfants. Le viol est reconnu comme un crime de guerre par la Cour Pénale Internationale¹.

 

Des histoires terribles de viols et d’autres formes de violence sexuelle nous parviennent de l’Ukraine. Les allégations et les rapports de violences sexuelles commises par les troupes russes se multiplient alors que le conflit entre dans son sixième mois. C’est aussi probablement le crime le plus tabou commis dans cette guerre horrible. Les femmes qui ont été violées souffrent non seulement d’un grand traumatisme, mais aussi des conséquences physiques et de l’impunité qui souvent l’accompagnent. Avec nos partenaires, notre pays soutiendra ces femmes et ces filles », déclare la Ministre Kitir.

 

Approche holistique et lutte contre l’impunité

 

On constate un énorme besoin de capacités supplémentaires sur le terrain pour les autorités locales et les organisations internationales afin de mieux protéger et soutenir les victimes de violences sexuelles.

 

« La Belgique est reconnue à l’international pour sa compétence en matière de prise en charge des victimes de violences sexuelles, je veux mettre nos compétences au service de toutes les victimes de violences sexuelles afin qu’elles reçoivent les soins nécessaires pour se reconstruire le plus rapidement possible, tant médicaux que psychologiques et juridiques, de manière holistique, comme dans nos propres centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS). La lutte contre l’impunité est aussi un aspect fondamental du Plan d’Action National (PAN) belge contre les violences de genre, de même que l’engagement de défendre les femmes en période de conflit prise par le gouvernement dans le plan d’action national ‘Femmes Paix Sécurité’. » – Sarah Schlitz

 

Une priorité de la politique étrangère et de la coopération au développement belge

 

La lutte et la condamnation de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles – en particulier la violence sexuelle – est une priorité de la politique étrangère et de la coopération au développement belge depuis près de 20 ans. « Nous sommes heureuses que notre pays puisse désormais apporter une contribution supplémentaire pour répondre aux besoins croissants en Ukraine, afin de pouvoir protéger et soutenir les femmes et les jeunes filles autant que possible avec une approche efficace », ont conclu ensemble la Ministre Meryame Kitir et moi-même.

 

¹ Au niveau de la Justice internationale, depuis 1998, le Statut de Rome considère le viol comme un crime de guerre et comme un crime contre l’humanité lorsqu’il est pratiqué « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique ».