Monsieur le Ministre,

Dans la nuit du 15 au 16 août sur le parvis de Saint-Gilles, trois jeunes femmes âgées de 19 ans ont été victimes d’une agression verbale à caractère sexiste de la part d’un individu qui les a injurié, fustigeant leurs tenues prétendument trop légères et les traitant de prostituées.

Les jeunes filles ont alors appelé à l’aide une patrouille policière qui passait à proximité. Mais plutôt que d’intervenir contre l’agression sexiste, les policiers ont reproché aux jeunes filles de ne pas porter de masque, ont contrôlé leur identité et ont arrêté deux d’entre elles. L’une des jeunes filles raconte avoir été agrippée à la gorge, plaquée contre une vitre et giflée à deux reprise par une policière, la seconde avoir été plaquée au sol puis menottée et soulevée violemment par les menottes, entraînant une fracture du poignet.

Un témoin, qui avait filmé la scène, raconte avoir été poursuivi jusqu’à son domicile par un policier, qui a ensuite détruit son téléphone afin de faire disparaître les images.

Des images vidéo filmées par ailleurs montrent l’un des policiers en civil s’avançant vers une personne qui le filme, en criant “Je vais te faire bouffer ton téléphone”.

L’une des victimes rapporte encore les propos suivants, tenus par une des policières : “En même, temps avec des tenues comme ça, il ne faut pas s’étonner”.

Sur le même ton, un porte-parole de la police a été jusqu’à faire des déclarations dans la presse justifiant l’intervention par l’allégation que “les seins des jeunes femmes étaient visibles”.

Enfin, au commissariat, lorsque l’une des victimes, métisse, a demandé à un policier combien de temps allait encore durer sa détention, elle témoigne s’être vu répondre : « les singes restent en cage ».

Monsieur le Ministre,

Ce témoignage révoltant vient s’ajouter aux nombreux autres récit de violences commises par des policiers lors d’intervention visant à faire respecter les mesures anti-covid. Qu’avez-vous mis en place pour lutter contre ces dérives? Que comptez-vous mettre en place?

Cette affaire révèle un grave problème de sexisme au sein de la police. Il est inadmissible de tenir une victime pour responsable de son agression en raison de sa tenue vestimentaire quelle qu’elle soit. Quelle formation est mise en place pour que les policiers puissent appréhender de façon pertinente les questions de harcèlement de rue et prendre en charge adéquatement les victimes? Existe-il un plan de lutte contre le sexisme au sein de la police?

Le témoignage rapporte encore que des insultes ont été proférées par un des policiers à l’une des victimes détenues, en raison de sa couleur de peau. C’est loin d’être la première fois que de telles injures racistes sont rapportées, notamment à Saint-Gilles mais aussi ailleurs dans le pays. Qu’est ce qui est mis en place pour lutter contre le racisme au sein de la police?

Les premières informations semblent indiquer que les policiers impliqués fassent partie du dispositif Uneus, projet-pilote rassemblant la commune de Saint-Gilles, la zone de police Midi, la police fédérale et le parquet de Bruxelles. Ces faits viennent donc s’ajouter aux nombreux témoignages d’abus policiers, d’injures et de violences, commis par les agents d’Uneus sur des jeunes à Saint-Gilles, recueillis par le Délégué Général aux Droits de l’Enfant dans un rapport de février 2018.

Etant donné que la police fédérale est partenaire du projet, soutenez-vous la mise en place d’une évaluation externe d’Uneus, telle que demandée par le DGDE, la Ligue des droits humains et des habitant.e.s de Saint-Gilles?