Question orale posée au Ministre Beenders en commission le 22 octobre 2025. Lien vers le compte rendu complet de la Commission
Ma question :
Monsieur le Ministre
Je vous ai posé plusieurs fois des questions sur l’avancement d’un plan d’action national et interfédéral contre le racisme. Vous expliquez dans votre Note de Politique Générale 2025 : « les préparatifs et les négociations se dérouleront en parallèle en 2025, avec comme objectif prioritaire l’adoption du cadre commun en 2026. »
Une nouvelle étude de la Fondation Roi Baudouin parue en octobre décrit les expériences quasi-universelles de racisme vécu : plus de 70% de sondés dans l’étude rapportent des expériences de racisme. L’accès au travail, au logement, et à la santé est également inégal et difficile. Il est donc essentiel d’aller de l’avant pour assurer un plan national de qualité pour combattre le racisme sous toutes ses formes.
Vous avez exprimé du volontarisme en début de législature quant à l’atterrissage de ce plan qui est attendu depuis 2001. Sous la précédente législature, mes équipes et moi-même nous sommes énormément impliquées dans ce plan, tout comme d’autres ministres. Malheureusement, on a pu constater les blocages stratégiques et les flibustes de la part de certains partis pour que ce plan n’aboutisse pas.
La question reste pourtant entière. Le racisme continue d’être extrêmement présent dans la société et on voit à quel point il évolue et s’immisce dans toutes les évolutions que nous connaissons, que ce soit en ligne, via l’intelligence artificielle ou à travers certains conflits à l’international qui viennent se répercuter sous différentes formes de racisme, ici même en Belgique. Il est donc urgent d’adopter ce plan NAPAR que la société civile réclame.
Monsieur le ministre, ma question est simple. Où en sont les discussions ? Quelle méthodologie avez-vous finalement décidé d’adopter ? Avez-vous déjà une idée de la date à laquelle vous pensez pouvoir atterrir dans ce dossier ?
La réponse du ministre :
Cette question me paraît un peu bizarre, parce qu’elle donne l’impression que je ne travaille pas très vite pour aboutir à ce plan. Qui était responsable de ces matières lors de la législature précédente? C’est un peu bizarre, mais je vais répondre parce que je suis très motivé pour réaliser ce plan dans le courant de la législature.
Il est vrai qu’il m’a fallu un certain temps avant de pouvoir partager des éléments concrets car, ces derniers mois, nous avons beaucoup travaillé à la préparation de la première réunion de la nouvelle Conférence interministérielle (CIM) Égalité des chances, Handicap et Lutte contre le racisme, qui a eu lieu hier.
Cette réunion marque le lancement officiel d’une nouvelle structure, plus claire et plus efficace, qui permettra d’assurer une meilleure cohérence entre les différents niveaux de pouvoir dans les politiques d’égalité. Cette CIM se compose désormais de deux sous-groupes, l’un consacré à l’égalité des chances et à la lutte contre le racisme et l’autre au handicap. Cette organisation a été choisie pour garantir que chaque thématique reçoive l’attention nécessaire, tout en permettant une approche transversale et coordonnée.
Hier, la CIM a adopté son règlement d’ordre intérieur. Elle se réunira au moins une fois par an, tandis que les sous-groupes se réuniront aussi souvent que nécessaire pour faire avancer leurs travaux. J’en assure la présidence pour la première année, avant une rotation entre les entités.
Hier, les membres ont également présenté leurs priorités afin d’élaborer les agendas de travail des deux sous-groupes. Du côté fédéral, j’ai mis l’accent sur deux priorités pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme: l’élaboration d’un plan d’action interfédéral contre le racisme et d’un plan interfédéral LGBTQIA+. Ces deux plans s’appuieront sur une méthodologie commune construite à partir des leçons du passé.
L’expérience précédente a montré qu’imposer des mesures uniformes à toutes les entités ne fonctionne pas. Cette fois, nous faisons le contraire. Nous optons pour une approche partagée mais flexible, respectueuse des spécificités de chacun. Le cadre commun sera présenté à la CIM lors de la prochaine réunion de décembre, avec comme objectif son adoption au début de l’année 2026. Cela permettra de lancer les deux plans interfédéraux au cours de l’année 2026.
La réunion d’hier a été très positive grâce aux échanges avec les membres de la Conférence. J’ai vraiment confiance dans la suite. Je partage pleinement l’ambition exprimée par mes collègues lors de la réunion d’hier: cette fois-ci, ne répétons pas les erreurs du passé et ne nous limitons pas à rédiger de nouveaux plans, mais traduisons-les en actions concrètes qui amélioreront réellement la vie de toutes et tous.
Ma réplique :
Monsieur le ministre, je comprends de votre réponse qu’il n’y aura pas de plan pour une Belgique LGBT-friendly. Dois-je interpréter cela de ce que vous venez de répondre? C’était très peu clair pour moi. On est toujours un peu tiraillé entre réunir tous les acteurs pour avoir une stratégie commune, d’une part, et faire des sous-groupes parce qu’il y a des enjeux spécifiques à certains publics, d’autre part.
Pourquoi ne pas essayer la méthodologie d’une grande CIM très large qui inclut handicap, égalité des chances et racisme? Néanmoins, il ne faut surtout pas perdre de vue la nécessité d’avoir des actions très concrètes pour les différents publics qui s’appuient sur l’expertise et les retours de terrain de la société civile. C’est ainsi qu’on arrive à avoir les actions les plus impactantes et les plus proches des besoins des publics concernés. Cela me paraît central.
Au sujet du NAPAR, la méthode précédente n’a pas fonctionné, avec pas mal de mauvaise volonté de certains acteurs, qui avaient dans un premier temps validé la méthode, puis qui ne la soutenaient finalement plus. Bref, vous connaissez les dessous des cartes de ce dossier. Je ne demande qu’à vous voir aboutir de manière très sincère. J’ignore pourquoi vous avez cru le contraire. Vous pouvez compter sur mon soutien plein et entier à ce sujet.

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