Monsieur le ministre,
Après 30 ans de discussions, projets et autant d’impasses, la prolongation du RAVeL sur la ligne 127 entre Huccorgne et Huy se concrétise enfin sous l’impulsion de la Région wallonne qui a débloqué des budgets importants pour différents travaux. Plusieurs kilomètres de cheminements RAVeL ont d’ores et déjà été rénovés et plusieurs centaines de mètres de pistes cyclables sont en actuellement ajoutés à l’itinéraire à Huccorgne, Moha et Huy.
Pouvoir effectuer à vélo le trajet Landen-Huy sans poser le pied par terre est un objectif qui n’a jamais été autant à portée de main ou de coup de pédale. Il reste néanmoins un nœud important pour l’atteindre à savoir l’impossibilité de créer un tronçon RAVeL en parallèle de la voie ferrée entre Moha et Wanze, soit un tronçon de 3KM qui constitue dès lors un chainon manquant au projet.
Historiquement la voie ferrée a servi à Carmeuse jusqu’au milieu des années 2010. S’il y a peu de perspectives d’un retour du train sur la ligne, la Région wallonne a néanmoins proposé une solution réversible à Infrabel qui permettrait de créer une voie praticable pour les cyclistes sans déferrer. La position d’Infrabel pourrait donc être déterminante dans ce dossier.
En janvier 2023, vous aviez indiqué dans le cadre d’une réponse écrite qu’Infrabel était disposé à discuter de toute proposition d’un porteur de projet concernant la ligne.
Mes questions sont donc les suivantes :
– Où en sont les discussions entre la Région wallonne et Infrabel dans ce dossier ?
– Une voie cyclable réversible pourrait-elle être créer sur l’assise du rail entre Moha et Wanze et selon
quelles conditions ?
– D’autres tronçons, notamment sur la ligne 126, font-ils l’objet de discussion avec la Région
wallonne ?
Réponse du Ministre de la Mobilité Georges Gilkinet:
Madame la Députée,
Je peux vous confirmer que le soutien de l’Etat fédéral et particulièrement des entreprises ferroviaires que sont la SNCB et Infrabel à la création de voies cyclables sécurisées a constitué une priorité au cours de mon mandat. Ce principe est consacré à la fois dans le premier Plan Fédéral pour le Vélo, Be Cyclist, mais aussi dans la Charte Cyclostrade signée au mois de mai entre la SNCB et Infrabel et les 4 Ministres de la Mobilité.
C’est sur cette base que je peux vous annoncer que les discussions ont bien avancé entre Infrabel et la Région Wallonne sur l’utilisation de l’assise ferroviaire entre Moha et Wanze en vue d’y créer une voie cyclable. En effet, Infrabel, le gestionnaire du réseau ferroviaire, a adressé ce 9 janvier au SPW un courrier relatif au « Projet d’aménagement du RAVeI entre Moha, Wanze et Statte ».
Pour répondre à vos questions 1 et 2, je vous en communique ci-dessous le contenu :
Nous vous remercions pour votre courrier concernant le projet d’aménagement du RAVeL sur le tronçon de la Ligne 127, reliant la rue Pierre Jacques à Moha et la rue Oscar Lelarge à Wanze (Statte). Votre intérêt pour la valorisation de cette infrastructure en faveur de la mobilité douce en Wallonie retient toute notre attention et mérite une réponse attentive. Infrabel a, de longue date, exprimé son engagement à encourager le développement de solutions de transport durable. L’octroi de baux emphytéotiques sur d’anciennes lignes et les projets de cyclostrades en sont des exemples concrets, qui traduisent notre volonté de soutenir des initiatives locales pour un réseau de mobilité douce accessible à tous.
Cependant, notre mission première reste la gestion et l’exploitation du réseau ferroviaire belge, une tâche complexe et essentielle pour garantir une mobilité intermodale en harmonie avec les objectifs de transition énergétique de la Région wallonne. Il nous importe de maintenir cette cohérence tout en étudiant les opportunités de réouverture de certains tronçons pour favoriser les flux logistiques et industriels, notamment en direction de la société Carmeuse à Moha, qui pourrait bénéficier de cet accès ferroviaire pour le transport de ses marchandises.
Dans cette optique, après une analyse approfondie, nous souhaitons exprimer notre soutien à votre projet, à condition de prendre certaines précautions pour préserver l’intégrité et la réversibilité de cette infrastructure.
Nous vous proposons dès lors les éléments suivants :
• Un contrat de concession domaniale de 10 ans, assorti de clauses d’entretien et de remise en état initial, conformément aux standards des contrats de cyclostrades développé en collaboration par nos
services ;
• Un revêtement de la voie adapté qui permettrait une éventuelle réactivation ferroviaire sans lourds travaux de réhabilitation ;
• Une garantie qu’à l’expiration ou en cas de résiliation du contrat de concession, si Infrabel veut renouveler la L 127, la remise en service de la voie ferrée sera une opération qui en l’état de la législation ne requerra pas de permis d’urbanisme ni de permis d’environnement.
Ces dispositions nous semblent répondre à la fois à vos objectifs d’aménagement du RAVeL et à notre impératif de flexibilité pour le développement futur du réseau ferroviaire. Il me semble qu’il s’agit là d’une base parfaite pour finaliser un accord de principe permettant la mise en œuvre des travaux nécessaires à la création d’une cyclostrade sur ce tronçon. Ce dont je me félicite.
Pour répondre à votre 3ème question, je peux vous confirmer que la réalisation d’autres projets du même type est toujours à l’étude, qu’il serait trop long de détailler dans le cadre de la présente réponse.
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