Question parlementaire à la ministre Van Bossuyt sur l’accès aux soins et conditions sanitaires dans les centres Fedasil. Lien vers le compte rendu complet de la Commission.

Ma question: 

Madame la ministre, la situation dans les centres d’accueil Fedasil suscite une inquiétude croissante, non seulement sur le plan social mais également sur le plan sanitaire. La surcharge des structures entraîne une dégradation des conditions de vie: promiscuité, manque d’intimité, hygiène parfois insuffisante et difficultés d’accès aux soins de santé de première ligne.

Plusieurs témoignages font état de graves retards dans la prise en charge médicale, d’un manque criant de personnel soignant et d’une absence de suivi psychologique adapté pour des personnes souvent fragilisées par leur parcours migratoire. Des mineurs, des femmes enceintes, des personnes en situation de handicap ou encore des victimes de traumatismes ne reçoivent pas l’attention particulière que leur état de santé nécessiterait.

Cette réalité expose non seulement les demandeurs d’asile à des risques accrus en matière de santé physique et mentale, mais elle exerce également une pression considérable sur les équipes médicales présentes, déjà en sous-effectif et confrontées à des conditions de travail difficiles.

Madame la ministre, mes questions sont les suivantes : 

Quelles mesures urgentes le gouvernement entend-il prendre pour garantir un accès effectif et rapide aux soins de santé dans les centres Fedasil, afin d’éviter que des pathologies mineures ne se transforment en situations graves faute de suivi médical adéquat?

Comment votre ministère compte-t-il répondre de manière spécifique à la crise de santé mentale dans les centres, où l’on constate une multiplication des cas de dépression, de stress post-traumatique et d’anxiété, aggravés par la promiscuité et l’incertitude prolongée du parcours d’asile?

Quelle concertation entretenez-vous avec votre collègue en charge de la Migration?

Enfin, des investissements spécifiques sont-ils prévus pour renforcer la présence de personnel médical et paramédical dans ces centres, ainsi que pour améliorer les infrastructures sanitaires, afin de garantir un environnement de vie digne et respectueux de la santé publique?

D’avance, je vous remercie.

 

La réponse de la ministre : 

Madame Schlitz, les membres du personnel des centres d’accueil de Fedasil accomplissent un excellent travail. Ils doivent – nous en convenons tous – faire face à des situations souvent difficiles. Chaque centre d’accueil dispose d’un bureau médical qui assure l’accueil des nouveaux arrivants, le triage et la gestion des rendez-vous auprès des prestataires de soins externes. En cas d’absence de l’équipe médicale ou de besoin de renforts, Fedasil fait appel à ses équipes mobiles ou à des infirmiers externes. À l’heure actuelle, il n’existe pas de liste d’attente pour les consultations auprès des infirmiers ou des médecins généralistes.

 Par ailleurs, des activités de base sont organisées dans les centres, afin de réduire le stress et d’améliorer le bien-être général des résidents. L’Agence renforce également la détection précoce des problèmes psychiques afin d’orienter plus rapidement les personnes qui ont besoin d’un suivi thérapeutique. Je tiens toutefois à souligner que la meilleure façon de lutter durablement contre le stress lié à la surpopulation dans les centres est de réduire les flux d’entrée et d’accélérer les sorties. Cela permet de diminuer la pression sur le réseau d’accueil et sur le personnel. Le gouvernement s’y emploie pleinement à travers des mesures ciblées de maîtrise des flux et une politique de retour renforcée.

 En ce qui concerne le personnel, Fedasil a élaboré un plan d’action pour améliorer le bien-être de ses équipes, y compris les infirmiers. L’arrêté royal publié par le SPF BOSA permettra en outre d’engager des infirmiers disposant d’une expérience spécifique au niveau B2 et B3.

 Enfin, s’agissant des infrastructures, Fedasil met l’accent sur le principe de « fix the basics », soit la réalisation des projets les plus critiques, notamment ceux qui concernent les installations sanitaires. Environ 30 % des bâtiments dépendent de la Régie des Bâtiments, à laquelle les mêmes priorités et besoins ont été communiqués.

 

Ma réplique :

Merci pour vos réponses, madame la ministre. Je pense toutefois que dans le cas présent, il faut être attentif au cri d’alerte qui a été lancé dans la presse par différents témoins. J’espère donc que vous prenez au sérieux les retours que vous recevez par rapport à cette situation et que des actions seront menées.

J’entends qu’il y a une responsabilité de la Régie des Bâtiments, mais il est indispensable que les personnes soient dans les meilleures conditions. C’est essentiel pour leur parcours en Belgique. À titre personnel, mais aussi pour l’ensemble de la collectivité, j’espère que vous pourrez entrer en dialogue et faire en sorte que des améliorations puissent voir le jour dans les prochains mois.