Monsieur le Ministre,

Le mercredi 29 octobre, vous avez fait des déclarations dans divers médias sur l’origine ethnique des demandeurs d’emploi qui vont être exclus du chômage.

Il y aurait déjà beaucoup à dire sur votre choix de lancer cette polémique identitaire incendiaire, juste au moment où vous êtes mis en difficulté suite à des déclarations inexactes dans d’autres aspects de ce dossier.

Mais je voudrais avant tout vous demander de faire la lumière sur un élément extrêmement préoccupant.

Vous déclarez que plus de la moitié des demandeurs d’emploi qui vont être exclus sont « étrangers », et que moins de la moitié sont belges.

Or, les chiffres sur lesquels vous basez cette affirmation concernent les personnes, belges ou non, dont l’un des parents a eu comme première nationalité une autre nationalité que la nationalité belge. La collecte de ce type de statistique par la Banque carrefour de la sécurité sociale devrait servir justement à identifier les cas où vos réformes risqueraient d’avoir un impact discriminatoire sur certains publics. Vous l’instrumentalisez pour créer des divisions contraires à la loi et à la constitution belge.

La Constitution prévoit que la qualité de Belge s’acquiert, se conserve et se perd d’après les règles déterminées par la loi civile. Elle prévoit aussi l’égalité de tous les belges devant la loi, quelle que soit la nationalité de leurs parents.

En déclarant que certains Belges ne sont pas des « vrais belges » parce qu’ils ne seraient pas nés belges de deux parents nés belges, vous ne faites pas seulement honte à la Belgique, vous violez ses lois et sa constitution.

Vous substituez, à la définition légale et constitutionnelle de la nationalité belge, une définition raciste basée sur une identité ethnique fantasmée, à la manière d’un Zemmour ou Orban.

Vos déclarations m’obligent à vous poser la question : acceptez-vous entièrement les principes fixés par la loi et la constitution belge en matière d’acquisition de la nationalité ? Acceptez-vous que tous les belges sont égaux devant la loi, quelle que soit leur nationalité de naissance et celle de leurs parents ?

Reconnaissez-vous avoir fait des déclarations inexactes, illégales et discriminatoires ? Comptez-vous présenter des excuses qui prennent la mesure de la gravité de vos affirmations ? Quelles conséquences comptez-vous en tirer ?

Si vous maintenez vos déclarations, pouvez-vous nous éclairer sur ce qui définit, selon vous, qu’une personne soit « belge » ou non, et sur ce qui vous autorise à faire cette distinction ?