Madame la Ministre,
Lors de l’arrivée de l’épidémie de COVID-19 en Belgique, les autorités n’étaient pas prêtes à faire face à une telle crise sanitaire. Il a fallu très rapidement adapter le système de soin mais aussi l’ensemble du fonctionnement de la société, notamment via l’augmentation des capacités de soin, la mise en place de gestes barrières et l’approvisionnement de matériel de protection.
Concernant le matériel de protection, la problématique des stocks de masques a donné lieu à une véritable saga, fort peu glorieuse pour nos institutions.
Face à tous ces retards et face à l’urgence de la situation, surtout au début et au pic de la crise sanitaire, les citoyen.ne.s se sont organisé.e.s. Parmi toute la chaîne de solidarité qui s’est mise rapidement en place, de manière spontanée, les couturières, professionnelles et amatrices, ont pallier aux manquements des institutions. 95% étaient des femmes.
Alors que pour d’autres matériels nécessaires (respirateurs, …) des marchés ont été passés, pour la production de masques et de sur-blouses les appels à bénévolat ont été nombreux et répétés tout au long de la crise. De nombreuses couturières déclarent avoir travaillé 10 à 12 heures par jour.
Ces femmes ont véritablement sauvé notre pays en fournissant à toutes les personnes de première ligne le matériel nécessaire. Elles ont permis à notre système de santé de fonctionner. Elles ont limité la propagation de la maladie et sauvé des vies. Ces couturières doivent être reconnues pour le travail héroïque qu’elles ont réalisé.
En France, une estimation du montant des “économies” réalisées par le biais de ce travail bénévole pour la production de masques a été réalisée. Ce montant est estimé à 2 milliards d’euros.
Madame la Ministre,
Pourriez-vous commander une étude au niveau fédéral afin de déterminer combien de masques ont été produits bénévolement, par combien de couturières, combien l’ont été de manière bénévoles et quelle somme non-dépensée par les institutions et les entreprises cela représente?
Je vous remercie, Madame la Ministre, pour votre réponse à ma question.
Réponse de la Ministre Muylle en commission Affaires Sociales le 17 juin
Extrait de la réponse globale de la Ministre. Retrouvez l’intégralité ici : https://www.lachambre.be/doc/CCRI/pdf/55/ic215.pdf
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Les masques buccaux peuvent constituer un complément important aux autres mesures de prévention définies dans le guide de référence. Cela vaut également pour les masques buccaux en tissu qui sont fabriqués à la main par des bénévoles dans tout le pays. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier une fois de plus ces bénévoles pour tout leur travail. Cela a non seulement permis à de nombreuses personnes de travailler dans des conditions sûres, mais aussi de faire leurs courses et de bénéficier des transports publics en toute sécurité.
Réplique
J’ai obtenu une réponse assez courte à ma question relative à l’étude sur le travail gratuit réalisé par les couturières pendant la crise. Dans un élan de générosité et de solidarité, les couturières ont, en effet, pallié l’absence de masques au début de la crise, car le personnel soignant ne disposait pas des masques requis pour se protéger. Petit à petit, ces couturières ont été pises dans un engrenage, où elles ont été sollicitées pour coudre des masques, parfois pendant de nombreuses heures, pour le compte d’institutions, de communes, d’écoles ou de grandes entreprises telles que Colruyt. Cette expérience leur a laissé un goût amer et l’impression d’avoir été exploitées, dans le sens où elles étaient les seules à ne pas être rémunérées dans une chaîne de production qui, elle, l’était. Aujourd’hui, une étude a été réalisée en France afin d’évaluer le travail gratuit effectué par les couturières et, partant, le manque à gagner économique global, étant donné que ces femmes ont travaillé pour rien. Je vous demandais, dès lors, s’il était possible de réaliser une étude similaire en Belgique. Vu la mobilisation à laquelle nous avons assisté et les manquements des autorités sur ce plan, la moindre des choses serait d’objectiver ce travail et de l’évaluer à sa juste valeur.
Réplique de la Ministre
Madame Schlitz, j’ai répondu à la question générale, mais je ne peux pas faire une étude sur ces prestations. C’est du bénévolat. Cette étude des heures pourrait servir à payer une indemnisation par la suite. J’apprécie vraiment, mais le bénévolat, c’est le bénévolat. Nous devons lui apporter tout notre soutien. Je n’ai pas l’intention de faire des études sur ce sujet pour voir combien d’heures elles ont consacré à ce travail.