La situation en Belgique

Aujourd’hui encore, des filles vivant en Belgique courent le risque d’être victimes de mutilations génitales féminines soit sur notre territoire, soit lors d’un séjour en famille dans le pays d’origine où ces mutilations sont pratiquées. 

Ces violences s’opèrent dans un contexte déterminé par les traditions et la domination des hommes sur les femmes. Selon la dernière étude sur de la prévalence des MGF en Belgique, publiée en 2018 : 25 917 femmes et filles sont concernées par les mutilations génitales féminines (17 575  déjà excisées et 8 342 risquant de l’être) dont 9 164 mineures.

La plupart des filles et femmes excisées vivent à Bruxelles, Anvers et Liège. La Flandre est la région la plus touchée avec plus de 11 000 filles et femmes qui ont été ou risquent d’être excisées ; en Région bruxelloise, elles sont 8 000 ; en Région wallonne, 5 500. 1 419 femmes excisées nécessitent chaque année des soins adaptés lors de leur accouchement dans une maternité belge. 

La Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire sont les cinq pays les plus représentés au sein de la population féminine concernée en Belgique.

 

Des actions pour lutter contre ce phénomène 

J’entends bien lutter contre ces violences inacceptables. Elle a déjà entrepris plusieurs actions durant sa première année de mandat : elle a diffusé un manuel à destination du corps médical avec l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) et lancé une nouvelle étude sur la prévalence des MGF en Belgique dont les résultats seront connus en juin. 

J’ai aussi inscrit plusieurs mesures pour lutter contre les mutilations génitales féminines dans son Plan d’Action National de lutte contre les violences 2021-2025, adopté le 26 novembre dernier. 

Le Plan prévoit notamment : 

  • de lancer une campagne d’information visant à renforcer la visibilité des deux centres de prise en charge pluridisciplinaire des mutilations génitales féminines. 
  • de renforcer la formation des professionnels de la santé sur les violences sexuelles et intrafamiliales, en ce compris les MGF. 
  • de rendre effective la Loi du 18 juin 2018 au sein des hôpitaux afin d’enregistrer de manière systématique les données relatives aux MGF dans les dossiers médicaux. 
  • d’augmenter le nombre de protocoles de prise en charge des MGF au sein des services de maternité.
  • de soutenir financièrement des associations spécialisées sur le sujet et de renforcer la collaboration entre les différents acteurs de terrain.
  • d’octroyer un titre de séjour aux parents de filles risquant de subir des mutilations génitales dans leur pays selon le principe du droit au respect de la vie familiale et en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. 

« Les mutilations génitales féminines peuvent entraîner des complications physiques et psychologiques tout au long de la vie. Il s’agit d’une violation des Droits humains et d’un acte de violence sexiste. Ces pratiques inacceptables sont terriblement nuisibles tant physiquement que mentalement. Aucune femme au monde ne devrait avoir à subir cela. Il était primordial pour moi d’intensifier la lutte contre ce phénomène. »

 

Collaboration avec le GAMS, acteur principal en Belgique 

J’ai visité les locaux du GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles féminines) et rencontré son équipe mercredi 2 février afin de faire à nouveau le point sur les besoins du terrain :

“Le GAMS réalise un travail essentiel depuis plus de 25 ans, c’est un acteur incontournable de la lutte contre les MGF en Belgique et en Europe. Chaque année, le GAMS accompagne plus de 700 femmes victimes de MGF. Son action est reconnue à l’international. Je vais organiser un séminaire européen à propos des mutilations génitales féminines qui réunira des experts en matière d’éthique, de pédiatrie, de médecine légale, de droits de l’enfant, de prévention pour la petite enfance et de médecine scolaire, afin de mettre en place une politique ambitieuse de prévention et de détection précoce des violences chez les enfants. Je vais bien entendu m’appuyer sur l’expertise du GAMS”. 

L’action belge pour protéger les filles de l’excision est reconnue à l’étranger. Le GAMS organise notamment des dialogues avec les parents de filles ou jeunes femmes à risque de mutilation génitale, avant qu’elles ne passent leurs vacances dans leur pays d’origine. 

Le GAMS entreprend une évaluation des risques, grâce à un “dédectomètre”, et  établit un contrat d’engagement sur l’honneur, dans lequel figure entre autres l’article 409 du Code Pénal belge interdisant les excisions. Ce document est ensuite traduit dans la langue d’origine pour pouvoir être compris par les autres membres de la famille au pays. Un examen de la génitalité de la personne à risque est réalisé par un médecin formé par le GAMS, avant son départ et à son retour. 

Lorsque les parents ne sont pas coopérants ou que le risque semble trop élevé, le parquet peut être saisi et délivrer une interdiction de sortie du territoire pour risque de mutilation génitale.  

Cette bonne pratique, inspirée des modèles néerlandais et espagnol, donne des résultats très concluants.