Question posée au Ministre Crucke le 16 juillet 2025. Compte-rendu intégral à retrouver ici.

Monsieur le Ministre,

Avec l’été qui est enfin arrivé, des centaines de milliers de personnes participent à des festivals belges, qui sont d’ailleurs une marque de fabrique de notre pays, notamment le Rock Werchter ou le Pukkelpop. Ces événements, qui sont soutenus par les pouvoirs publics et promus comme des vitrines culturelles belges, attirent un public très diversifié venant de toutes les régions du pays.

Pourtant, quand on examine les moyens de transport mis à disposition pour le retour en soirée ou de nuit, une inégalité flagrante apparaît. Les trains de nuit organisés par la SNCB ne desservent que des destinations flamandes. Pour le Rock Wertcher, uniquement des trains vers Ostende, Anvers-Central ou Genk; et pour le Pukkelpop, uniquement Gand-Saint-Pierre et Anvers-Central. Aucune desserte, donc, pour la Wallonie.

Cela pose deux problèmes majeurs. D’abord, un problème de sécurité. En ne prévoyant pas de solution de retour en transports publics, on pousse une partie des festivaliers à rentrer par leurs propres moyens en voiture, fatigués, voire sous l’effet de l’alcool. Ensuite, un problème d’équité et d’accessibilité. Comment justifie-t-on que les francophones soient écartés de ces dispositifs ?

En parallèle, cette situation interroge aussi en matière de durabilité. Offrir des retours en train de nuit, y compris vers la Wallonie, serait une manière concrète d’encourager une mobilité plus écologique et sûre, en accord avec les objectifs environnementaux du pays.

Monsieur le ministre, quelles mesures avez-vous prises pour faire en sorte que les retours de festival en train de nuit soient accessibles à tous les Belges ? Quels contacts ont-ils été pris avec les organisateurs de ces événements ? Quelles initiatives comptez-vous prendre ?

Ma deuxième question concerne les budgets relatifs à l’encouragement au développement des trains de nuit.

Monsieur le ministre, une nouvelle étude a montré que nous ne pourrons pas atteindre l’objectif de Paris de 2015 de rester sous la barre du réchauffement de la terre de 1,5 degré si des actions radicales ne sont pas prises dès maintenant.

Le transport pèse lourd dans nos émissions. C’est le premier secteur : il représente 25 %. Il y a une urgence à décarboner nos modes de déplacement. Pour cela, il faut des alternatives. Le train de nuit en est une. Il produit 28 fois moins de gaz à effet de serre qu’un avion. Or, quelle ne fut pas ma surprise de constater dans le budget 2025 que le subside de 1 million d’euros dédié au soutien des trains de nuit n’était pas reconduit pour cette année.

Monsieur le ministre, quelles sont les raisons de la suppression de ce subside ? Sous la précédente législature, plusieurs trains de nuit sont réapparus en Belgique. Ils rencontrent un franc succès. Quelles sont vos ambitions en la matière ? Avezvous des contacts avec vos homologues européens à ce sujet pour poursuivre dans cette voie ?

 

Réponse du Ministre : 

Madame Schlitz, la mise en place de trains spéciaux se fait à la demande des organisateurs d’événements et n’est donc pas régie par le contrat de service public de la SNCB. Néanmoins, considérant le nombre important de festivaliers en Belgique, la question de la mobilité pour effectuer les trajets vers et depuis les festivals constitue une préoccupation importante pour moi. Les transports en commun, et en particulier le transport ferroviaire, ont un rôle central à jouer pour encourager une mobilité durable, sûre et accessible à tous. Je ne vous apprends rien.

C’est pourquoi mon équipe est en relation avec la SNCB et a demandé un plan d’action détaillé relatif à l’accessibilité des festivals en transports en commun. Dans l’attente d’informations complémentaires de la SNCB, les trains supplémentaires font l’objet d’un accord commercial entre la SNCB et l’organisateur de l’événement. Cet accord détermine les principaux lieux de départ des voyageurs ainsi que les trains à faire circuler. Soyez donc assurée que je serai proactif pour permettre à l’ensemble des festivaliers de disposer d’une solution de mobilité durable qui renforce également, comme vous l’avez précisé, la sécurité routière.

En ce qui concerne le subside en faveur des trains de nuit, ce dernier trouvait son fondement juridique dans le cadre de la loi du 7 juin 2023 portant soutien au transport de voyageurs par trains de nuit.

 

Ma réplique : 

Monsieur le ministre, je vous remercie pour votre réponse.

Concernant l’accessibilité des festivals, je me réjouis qu’un plan d’action soit lancé pour l’accessibilité en transports en commun des festivals. Il n’est pas trop tard puisque la saison n’est pas encore terminée. Werchter est passé et le Pukkelpop se déroule en ce moment. Si des contacts pouvaient encore avoir lieu cet été, ce serait une excellente nouvelle.

S’agissant du subside pour le développement des trains de nuit, ne cherchez pas midi à quatorze heures, monsieur le ministre. Une résolution votée sous la précédente législature par la commission de la Mobilité existe. On sait où se trouvent les solutions. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui c’est de mettre des trains sur les rails avec de la collaboration au niveau international.

Couper le subside de 2025 – même si j’entends que ce n’est pas de votre chef mais un refus de prolongation du subside durant la période d’affaires courantes qui a été confirmé au moment de la négociation du budget 2025 – est une économie de bout de chandelle. J’entends que vous avez l’ambition de poursuivre sur la voie du développement des trains de nuit en 2026. Nous y serons évidemment attentifs, mais c’est d’ores et déjà une bonne nouvelle. Aujourd’hui, il faut avancer avec les solutions connues, avec l’accessibilité des sillons. Il n’y a plus de temps à perdre. Le projet d’une liaison Bruxelles-Barcelone est une excellente nouvelle et nous espérons qu’il pourra se concrétiser rapidement.