Question posée au ministre Vandenbroucke le 7 octobre. Retrouvez le compte-rendu intégral ici.
Monsieur le ministre, le dernier caisson hyperbare de Wallonie est menacé de fermeture faute de financement par l’INAMI. Ce caisson est en lien avec les huit grands réseaux hospitaliers. Sans ce caisson, les patients devront être transférés vers Bruxelles ou Lille. Un tel délai peut entraîner des séquelles irréversibles, voire la mort, notamment en cas d’accident de décompression, où chaque minute compte.
Ce service existe depuis plus de 20 ans. Les médecins hyperbaristes se battent depuis longtemps pour sa reconnaissance et son financement. Pourtant, ce service sauve des vies chaque jour. Cette thérapie est bénéfique pour de nombreuses pathologies telles que les intoxications au monoxyde de carbone, les plaies chroniques (ulcères, escarres), les surdités brusques, les œdèmes traumatiques, les lésions liées aux radiothérapies, mais aussi pour les accidents de décompression qui peuvent survenir dans la pratique de la plongée sous-marine.
Malheureusement, ces traitements sont onéreux et restent largement à la charge des patients. Cela représente une charge financière considérable pour de nombreuses personnes, souvent déjà fragilisées par leur état de santé. L’INAMI doit rendre ce soin accessible à toutes celles et ceux qui en ont besoin.
Monsieur le ministre, allez-vous assurer la pérennité de ce caisson ?
Réponse du ministre :
Je n’ai pas reçu d’informations spécifiques sur le caisson hyperbare à Charleroi, mais ce n’est pas un problème isolé. L’exploitation d’une chambre à oxygène hyperbare a fait l’objet d’études menées par la KCE en 2008 et 2016. Mais ces études n’ont toutefois pas abouti à des recommandations permettant de résoudre les problèmes que l’on mentionne.
Sur la base des données de facturation pour les prestations remboursées par l’INAMI, il apparaît qu’en 2023 et 2024, 3.486 prestations ont été facturées, dont 656 à Charleroi, le reste étant réparti sur les autres caissons hyperbares.
Des analyses antérieures semblent montrer que l’exploitation financière d’un caisson sur la base d’un simple financement par nomenclature n’est pas viable, en raison des coûts élevés du service de garde, de la nécessité de disposer d’équipe spéciale, du respect des critères de sécurité requis et de la facturation limitée des prestations. Mais une grande variabilité subsiste selon l’hôpital et selon que le service de garde est en interne ou non. On peut donc se demander séparément des flux financiers globaux au sein d’un hôpital, ce qui rend certains services plus rentables que d’autres.
La réforme en cours de la nomenclature qui évalue le coût des actes médicaux et paramédicaux dans les centres hospitaliers devrait apporter plus de clarté et de transparence à ce sujet. D’ailleurs, je serais également preneur d’avis sur les hôpitaux qui ont un caisson menaçant également de le fermer.
Concernant la thématique questionnée, un premier élément du débat concerne la détermination des indications cliniques de l’oxygénothérapie hyperbare (OHB). La KCE commente l’efficacité de l’OHB. Toutefois, elle conclut en 2008 et 2016 qu’il n’y avait pas encore suffisamment de preuves convaincantes pour étendre davantage les indications. Pour l’intoxication au CO, à la nécrose post-radique, au crush syndrome ou à la gangrène gazeuse, l’OHB a de 20 à 40 séances pour les plaies du pied diabétique. La révision de la nomenclature permettra également de réfléchir aux coûts et traitements par OHB. Une mise à jour des études de la KCE sera à nouveau nécessaire, notamment afin d’intégrer les dernières indications dans la littérature pour la prise en charge des patients, sans avoir à discuter d’aspects financiers en raison de l’absence d’essais randomisés.
Compte tenu de cela, aucun budget supplémentaire pour l’oxygénothérapie hyperbare n’a été retenu dans les accords médico-mutualistes précédents ni dans les procédures budgétaires. Si la conclusion de cette discussion démontre qu’une offre étendue s’avère nécessaire, une bonne répartition géographique peut être envisagée, par exemple via un certain nombre de centres de référence. Afin d’aboutir à un financement correct, une nouvelle analyse des coûts devra être effectuée en fonction du nombre de patients atteints par centre et du nombre de séances de traitement prévues. Il est clair que l’extension des indications et du nombre de centres entraînerait un surcoût important, pour lequel aucun budget n’est actuellement prévu.
En conclusion, nous pouvons donc affirmer qu’une analyse approfondie et un débat sont nécessaires. Toutefois, dans le contexte budgétaire actuel, les solutions ne seront pas évidentes.
Ma réplique :
Merci monsieur le ministre. Les informations que vous nous transmettez ne sont évidemment pas rassurantes. J’entends qu’il s’agit de la situation financière et budgétaire dans laquelle vous vous trouvez. Ou plutôt, de la situation dans laquelle vous et vos collègues avez décidé de vous trouver, parce que financer ou pas des soins de santé est un choix politique. Le fait de choisir d’investir des milliards dans la défense, d’investir dans des F-35 mais, à côté de cela, de dénancer la santé, relève de choix politiques.
Chers collègues des Engagés et du MR, j’entends votre ardeur à défendre le caisson hyperbare, mais j’espère que vos partis viendrez au secours du ministre Vandenbroucke dans les négociations budgétaires qui nous attendent dans les prochains jours, pour faire en sorte que de telles technologies, dont nous avons besoin pour sauver des vies, ne soient pas éliminées. En 2025, il est inconcevable d’imaginer se priver d’un tel outil pour les personnes qui sont intoxiquées au monoxyde de carbone ou pour les plongeurs. Mes parents sont plongeurs, et je suis très inquiète d’entendre des nouvelles comme celle-là. Oui, en effet, il faut des budgets pour la santé, pour les caissons hyperbares et pour de nombreuses autres missions qui requièrent les soins de santé pour sauver des vies.