Question orale posée à Vincent Van Peteghem, ministre du Budget, le 19 novembre 2025. Le compte rendu complet de la Commission peut être lu ici.

Ma question :

Monsieur le ministre,

La Commission européenne distribue en ce moment les bulletins et le résultat de votre gouvernement est très mauvais. La Belgique recevra en effet le bonnet d’âne dans la matière « déficit budgétaire », puisque notre pays affiche désormais le plus gros déficit de la zone euro: 5,3 % en 2025, 5,5 % en 2026, 5,9 % en 2029. Pas vraiment de surprise ici puisque ces chiffres sont dans la droite ligne de ce qui a été annoncé il y a quelques mois par le Bureau du Plan et le Comité de monitoring.

Cette situation peu enviable s’ajoute à la procédure pour déficit excessif déjà ouverte contre notre pays. Pendant ce temps, que fait votre gouvernement? Rien, ou en tout cas beaucoup trop peu! Vous auriez pourtant dû demander la confiance de cette Chambre et y déposer un budget voici plus d’un mois maintenant.

Alors que l’horloge tourne vers la deadline de Noël – qui, on l’aura compris, n’est en réalité pas vraiment une deadline, même si on ne sait pas comment cela va tourner –, le premier ministre fait plutôt parler de lui pour ses performances artistiques sur les réseaux sociaux.

Monsieur le ministre du Budget,

  • Comment justifiez-vous l’inaction ou plutôt l’incapacité de votre gouvernement à adopter un plan budgétaire cohérent, ambitieux et faisant réellement contribuer les épaules les plus larges?
  • Vous avez évoqué les fuites budgétaires énormes provoquées par les sociétés de management et la presse a fait état de la possibilité de limiter les distributions de dividendes exonérés de cotisations sociales et faiblement taxés à 200 000 euros. Ces pistes vous semblent-elles cohérentes? Combien pourraient-elles rapporter?

Je vous remercie.

La réponse du ministre :

Les economic forecast que la Commission européenne a évoquées lundi confirment effectivement que notre pays est confronté à d’importants défis budgétaires que nous devons relever.
Un déficit pour l’ensemble des pouvoirs publics de 5,9 % du PIB en 2027 est trop élevé. Nous devons absolument parvenir à le réduire à long terme.

Je souhaite toutefois souligner que la focalisation limitée dans le temps dans les economic forecast jusqu’en 2027 ne doit pas nous conduire à ne pas maintenir notre horizon budgétaire sur une période plus longue. Plutôt que de nous concentrer sur le court terme, nous devons viser un budget sain et durable à l’horizon 2029-2030.

Ainsi, le rapport mentionne également une hausse du taux de chômage attendu en Belgique, alors que selon le taux de chômage harmonisé d’Eurostat le chômage augmente effectivement de 5,7 % en 2024 à 6,5 % en 2026, mais diminuera ensuite de manière continue jusqu’à 5,4 % en 2030.

En matière de Défense, nous avons, dans le cadre de l’accord de Pâques, conclu des accords importants concernant le financement des dépenses supplémentaires. Pour le financement structurel, le gouvernement examinera chaque année, lors de l’élaboration du budget, quelles mesures supplémentaires sont nécessaires pour prévoir, outre les objectifs en matière de normes, un financement structurel suffisant. Ce financement fait donc également partie de l’exercice budgétaire que nous réalisons actuellement.

Nous discutons de la réalisation de cet exercice budgétaire à la table du gouvernement. J’espère pouvoir rapidement venir en expliquer les détails devant cette commission, dès qu’un accord aura été trouvé.

Ma réplique :

Monsieur le ministre,

Vous nous avez à nouveau apporté des réponses vagues quant au déroulement des négociations budgétaires. Bien évidemment, vous n’êtes pas le seul responsable de l’échec dans lequel votre gouvernement s’enlise. Néanmoins, je reste abasourdie par le fait que les membres de ce gouvernement ne se tournent pas vers les solutions qui sont pourtant à portée de main afin d’atteindre les objectifs qu’ils se sont assignés, à savoir trouver 10 milliards d’ici 2029. La lutte contre la fraude fiscale représente un enjeu qui peut vous permettre d’atteindre cet objectif. On peut aller chercher jusqu’à 30 milliards par an en luttant efficacement contre ce phénomène.

Votre parti a également mis sur la table la question d’une véritable réforme fiscale visant les sociétés de management en vue de réduire les niches fiscales et l’ingénierie fiscale, qui plombent le budget de l’État. Nous en avons besoin pour boucler le budget, mais également au nom d’une question de justice sociale et fiscale. Aujourd’hui, les gens ne sont plus d’accord de toujours fournir des efforts, tandis que d’autres qui ont véritablement les moyens ne veulent jamais contribuer à la hauteur des efforts qui sont demandés.

Monsieur le ministre, votre budget ne sera pas soutenu par la population et les grèves continueront de se multiplier si vous n’allez pas chercher l’argent là où il se trouve.