Madame la Ministre,
C’est désormais un fait établi : les femmes ont été davantage contaminées par le COVID-19 que les hommes. 67% des personnes contaminées entre 20 et 59 ans ont été des femmes, et 69% pour les personnes de plus de 80 ans. Ceci peut s’expliquer par deux raisons principales :
- les femmes ont particulièrement été en première ligne face au virus, notamment dans les métiers du soin, mais aussi dans le service à la personne et dans des métiers de contact. Dans ces métiers, les femmes sont surreprésentées. Pour les tranches d’âge de professionnels, et notamment des jeunes professionnels, les femmes sont surreprésentées parmi les personnes contaminées.
- les femmes sont majoritaires dans la population âgée du fait d’une espérance de vie plus longue. Or le virus a davantage touché les personnes âgées.
Si les statistiques liées aux personnes contaminées et aux décès ont permis de distinguer l’impact sur les femmes et sur les hommes, cette distinction n’a pas été faite pour les statistiques d’hospitalisation. Or ce sont les statistiques les plus fiables.
Nous avons besoin d’un maximum de chiffres ventilés par genres pour pouvoir effectuer une analyse genrée de la crise.
Madame la Ministre,
- Confirmez-vous que des statistiques genrées n’ont pas été établies concernant les hospitalisations liées au COVID-19 ?
- Serait-il possible de produire ces chiffres en vous appuyant sur les données des hôpitaux? Pourriez-vous en faire la demande?
Je vous remercie, Madame la Ministre, pour vos réponses à mes questions.
Réponse de la Ministre De Block (Commission Santé du 16/06/2020)
Vous m’interrogez à propos du nombre de femmes et d’hommes, l’âge et le sexe. Vous pouvez trouver ces informations dans les rapports hebdomadaires de Sciensano. En page 10, on vous dit combien d’hommes et de femmes par âge ont été touchés par la maladie. Parmi les patients hospitalisés, ce sont surtout les femmes qui ont été touchées avec une différence selon l’âge. C’est vrai qu’à partir de 80 ans, ce sont surtout des femmes mais il faut savoir qu’il y a plus de femmes de plus de 80 ans que d’hommes de cet âge. Les femmes ont, en effet, une espérance de vie plus longue.
Je dispose des statistiques concernant les hospitalisations liées au COVID-19. Sciensano me répond que les informations sont détaillées dans le rapport. Vous pourrez les consulter sur internet, car je ne pense pas qu’il soit dans votre intention de m’écouter les énumérer.
Ma réplique
Merci, Madame la Ministre, pour vos réponses. Je reviens sur les statistiques des hospitalisations. Dans le rapport Sciensano, que je connais, se trouvent bien les statistiques genrées des cas confirmés, où les femmes sont systématiquement sur-représentées dans la tranche d’âge entre 20 et 59 ans. Ensuite, on constate que les hommes sont plus représentés dans les tranches d’âges suivantes. Enfin, dans les catégories de plus de 80 ans, les femmes sont, en effet, en surnombre. Vous avez raison de dire que c’est en raison de la longévité des femmes que celles-ci sont sur-représentées dans les catégories plus âgées, mais par contre un deuxième facteur est interpellant concernant la question du genre : c’est la sur-représentation des femmes dans la catégorie des 20-59ans, sur laquelle j’attirais votre attention.
Une des causes qui peut expliquer ce phénomène, c’est la majorité de femmes dans les métiers de première ligne, aussi bien dans les métiers de soin que dans les métiers de caissière. C’est ainsi qu’elles ont été davantage touchées.
Les secteurs demandent à avoir des statistiques genrées également pour les hospitalisations. En effet, les chiffres des cas confirmés peuvent également être biaisés. Le testing présente un biais potentiel. Les femmes sont peut-être davantage testées vu qu’elles exercent des métiers plus à risque. Il serait utile d’avoir les chiffres genrés des hospitalisations. Cela se trouve en page 6. Le genre ne figure pas pour cet aspect. Il serait intéressant d’avoir ce chiffre pour analyser la crise, en cas de seconde vague également.