Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur d’inaugurer à Verviers deux appartements qui feront office de refuge pour des jeunes LGBTQI+, grâce aux moyens supplémentaires que j’ai débloqué via la Task Force Publics Vulnérables et une fructueuse collaboration avec la coupole Arc-en-Ciel Wallonie, l’ASBL Maison Arc-en-Ciel de Verviers, la Ville et le CPAS de Verviers et l’agence immobilière sociale Logeo.
Ces 2 appartements font partie de la trentaine de places d’hébergement d’urgence supplémentaires pour les jeunes LGBTQI+ qui ont dû fuir leur famille, qui ont été mis dehors ou qui sont menacés dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile.
Ils inaugurent également le projet EMWA, le premier réseau solidaire wallon d’hébergement et d’accompagnement pour personnes LGBTQI+ qui organise l’accueil des jeunes en appartement de transit et facilite leur insertion sociale.
Je suis très fière et heureuse de voir ce projet se concrétiser petit à petit.
Ces refuges font partie des solutions de derniers recours, à côté de cela c’est tout un travail structurel contre les LGBTQI+phobies qui doit être mené avec tous les acteurs concernés.
En effet, la situation des droits des personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou encore intersexes est préoccupante partout dans le monde. La Belgique est considérée comme un modèle d’excellence grâce à son arsenal législatif, pourtant, dans les faits, l’homophobie et la transphobie ordinaires restent profondément enracinées dans notre société.
Aujourd’hui, en 2021, il est aberrant que des jeunes doivent encore dissimuler à leur famille leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Ils se trouvent contraints à vivre leurs relations amoureuses ou leur transidentité dans le secret. Et ceux qui décident de vivre librement peuvent être sujets aux moqueries, aux insultes voire aux coups. Des parents, résolument homophobes ou transphobes, vont jusqu’à chasser leurs enfants du foyer familial. Bien que nous ne disposons pas de statistiques officielles en la matière, ces violences intrafamiliales sont constatées au quotidien par les Maisons Arc-en-Ciel, la RainbowHouse Brussels et la Fondation Ihsane Jarfi. Les nombreuses sollicitations que reçoit le Refuge bruxellois depuis sa création en 2018 constituent également un indicateur fiable.
La période tout à fait exceptionnelle que nous traversons a aggravé ces réalités. Pour les jeunes LGBTQI+, les confinements et le couvre-feu ont entraîné davantage d’isolement et d’insécurité. Les jeunes qui vivent dans un environnement familial homophobe ou transphobe n’ont plus eu accès aux organisations et aux structures de soutien, et ont été dès lors privés de leur famille choisie ou des personnes avec qui ils peuvent être eux-mêmes.
Durant le premier confinement, entre la mi-mars et la mi-mai 2020, Lumi, la ligne d’écoute LGBT flamande, a reçu 65% d’appels en plus par rapport à la même période l’année précédente. Les appels portaient sur l’anxiété, la solitude et la dépression, et dans certains cas sur le suicide.
Depuis mon arrivée dans ce gouvernement, mon ambition a été de placer les enjeux LGBTQI+ au cœur du débat. L’accueil et l’accompagnement des victimes de violences ou de discriminations figurent parmi mes priorités politiques. J’ai pu décrocher un budget de 945.000 € dans le cadre de la task force publics vulnérables.
En Wallonie, en plus des 2 places verviétoises que nous inaugurions ce matin, 6 places vont ouvrir à Charleroi, 2 à Namur, et, avec Arc-en-Ciel Wallonie, nous discutons également d’un renforcement du Refuge liégeois.
Certes, nous avons donc réussi à renforcer l’hébergement d’urgence durant la crise sanitaire. Mais mon souhait serait que ce projet ne soit que le début d’une belle aventure et que ces places se pérennisent. Comme il s’agit d’une compétence des entités fédérées et des pouvoirs locaux, je prendrai contact avec mes collègues pour en discuter.
La lutte contre les LGBTQIphobies ne se limite bien sûr pas aux aides d’urgences. Il faut aujourd’hui s’engager dans un travail pour changer les mentalités afin d’éliminer les discriminations et les violences qui pourrissent la vie des personnes LGBTQI+. Pouvoir tenir la main de son partenaire ou parler de son identité sur son lieu de travail restent encore difficiles pour les personnes LGBT en Belgique.
Cette année, j’adopterai un plan d’action, le plan SOCIESC, en collaboration avec tous les niveaux de pouvoir. La société civile sera associée à sa définition. Il portera en particulier sur les thèmes de la sécurité, de l’enseignement, de la santé.
L’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne a montré dans une étude récente que le comportement des personnalités politiques et autres figures publiques influe grandement sur la qualité de vie des personnes LGBTQI+.
Je compte également montrer l’exemple.
Nous avons donc toutes et tous un rôle à jouer dans cette bataille contre l’exclusion et les discriminations.