Question posée au Ministre Vandenbroucke le 16 juillet 2025. Compte-rendu intégral à retrouver ici.

Monsieur le Ministre,

Entre 2018 et 2023, le nombre de personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an en raison de troubles mentaux, principalement des dépressions et burn-out, a bondi de 44 %.

Le constat dressé par l’INAMI est sans appel : les troubles mentaux entraînant une invalidité de longue durée sont en forte augmentation. En 2023, ils représentaient 37,6 % des 526.507 invalidités enregistrées, soit près de 198.000 personnes. Parmi elles, 137.454 étaient touchées par une dépression ou un burn-out, un chiffre en hausse de 9,37 % par rapport à l’année précédente.​

Quelles solutions allez-vous apporter à cette problématique croissante ? Quelles stratégie de bien être au travail ? Quels contacts avec les employeurs ?

Estimez-vous que les réformes de votre gouvernement ont vocation à pallier à ce phénomène ?

En avez-vous tenu compte dans le cadre de votre stratégie de remise au travail des malades longue durée ?

 

Réponse du Ministre :

La prévention primaire du burn-out et de la dépression est une réponse importante. Je suis tout à fait d’accord avec mon homologue, le ministre de l’Emploi, qui est responsable de ce dossier. Par la mise à disposition d’outils, les différents secteurs doivent être sensibilisés en fonction de la prévention de ces risques, mais vous savez bien que je ne me dérobe pas à ma responsabilité.

Le parcours du burn-out de Fedris s’adresse aux personnes qui en sont au tout début et qui ne sont pas encore en incapacité de travail ou qui viennent seulement de tomber en arrêt. Pendant la précédente législature, en tant que ministre de la Santé publique, j’ai intégré ce parcours dans le programme structurel de prévention de Fedris.

Évidemment, ce n’est qu’une des mesures que j’ai prises pour le soutien et l’accompagnement des personnes en incapacité de travail. L’objectif est toujours de leur donner toutes les chances de reprendre le travail dans les meilleures conditions possibles. 

Différents trajets ont été créés pour donner les opportunités nécessaires à ces personnes. En plus des mesures générales que j’ai déjà prises dans le cadre de ma politique de retour au travail, par exemple la réforme du processus d’évaluation de l’incapacité de travail, j’ai également lancé des mesures spécifiques pour les personnes atteintes d’une maladie mentale.

Premièrement, j’ai demandé à l’administration d’analyser comment renforcer la collaboration entre les services de l’Emploi et ceux chargés de l’incapacité de travail, dans le cadre de la convention Psychologues de première ligne. Cette convention cible les personnes souffrant de troubles psychiques légers à modérés. Pour ce groupe, il est essentiel de miser sur la prévention de l’incapacité de travail. Pour ce faire, il est nécessaire de fournir aux psychologues et aux médecins généralistes des outils concrets d’accompagnement.

Deuxièmement, pour les personnes confrontées à des troubles psychiques modérés à sévères, un retour à l’emploi n’est envisageable, dans certains cas, qu’avec un accompagnement intensif. Cet accompagnement est proposé via la méthodologie du placement et de l’accompagnement individuel, appelée IPS (Individual Placement and Support). Ce modèle repose sur un principe fondamental: accompagner les personnes concernées dans leur recherche d’emploi le plus tôt possible, et continuer à leur offrir un soutien personnalisé et soutenu une fois qu’elles ont décroché un emploi.

La valeur ajoutée de cette approche a été démontrée à de nombreuses reprises à l’étranger, et les premiers résultats observés en Belgique semblent aller dans le même sens. Les résultats définitifs sont attendus pour 2026.

La mesure et l’évaluation de l’impact de ces initiatives, tout comme la transparence dans la communication des résultats, sont des éléments centraux de la politique que je souhaite défendre. C’est dans cet esprit que l’INAMI a publié le baromètre du retour au travail. Ce nouvel outil regroupe une série d’indicateurs essentiels pour évaluer les politiques liées à l’incapacité de travail et au retour à l’emploi. Il nous permet d’analyser l’effet des mesures prises et d’éclairer les choix à venir.

Ce baromètre sera d’ailleurs renforcé de manière structurelle avec l’ajout de données par secteur d’activité. Ces données nous permettront, en collaboration avec mon homologue chargé de la prévention, d’identifier les tendances émergentes et d’anticiper les besoins futurs en matière de prévention, d’incapacité de travail et de réintégration.

 

Ma réplique : 

Merci pour cette réponse. Ce qui me pose problème, c’est que dans le cadre des discussions que nous avons avec le ministre de l’Emploi Clarinval, à aucun moment, il n’évoque la question de la responsabilisation des employeurs. Tout repose toujours sur les travailleurs, les mutuelles, les organismes de chômage et les CPAS. Toute une série d’acteurs sont responsabilisés mais les employeurs sont les grands absents. Alors que la clé du bien-être au travail se trouve à 90 % chez les employeurs. Vous pouvez mettre en place toutes les politiques et tous les plans stratégiques que vous voulez. Si les employeurs ne sont pas responsabilisés à la question de la prévention, du burn-out et des maladies mentales, cela constitue un souci.

Un autre aspect est inhérent aux réformes comme par exemple, le fait de davantage déréguler les rythmes de travail et de faire en sorte que les personnes ne savent plus à quel moment elles travaillent d’une semaine à l’autre. Davantage de travail de nuit, davantage de travail le week-end vont engendrer inévitablement de la détresse et une perte de sens. Je crains fort une augmentation du mal-être au travail en général avec les mesures structurelles qui sont en train d’être développées par l’Arizona.