Notre gouvernement se penche-t-il sur le problème de la précarité menstruelle ? 

 

Le gouvernement est bien conscient de cette problématique, le fédéral a déjà baissé la TVA de 21% à 6% sur ces produits (en sachant que les règles de l’Union Européenne ne permettent pas de descendre en dessous de ce seuil). Cette victoire a été rendue possible grâce à la mobilisation des associations de femmes et en particulier du Collectif Belges et Culotées. Encore aujourd’hui, c’est surtout le secteur associatif qui se démène pour répondre aux besoins de ces femmes. Il a lancé le mouvement contre la précarité menstruelle. L’association Bruzelle  fait un travail incroyable en collectant des serviettes hygiéniques et en les distribuant gratuitement et dans la dignité aux femmes en situation de précarité. Leur action est dirigée vers les femmes sans-abris ou sans papiers mais aussi vers les étudiantes. Dès mon arrivée en tant que Secrétaire d’Etat, j’ai octroyé un subside à cette association afin de les soutenir dans cette mission. Mais il faut aller plus loin. Le politique doit prendre le relais en mettant en place des solutions structurelles. La lutte contre la précarité menstruelle ne peut pas reposer entièrement sur le courage de quelques bénévoles.

 

Le libre accès aux produits d’hygiène menstruelle doit être à l’ordre du jour. Pourquoi ? 

 

Il est essentiel de renforcer l’accessibilité à ces produits. Quand on va au cinéma ou à l’école, on ne doit pas apporter son papier toilette ! Ça devrait être la même logique pour les protections hygiéniques. Pour de nombreuses femmes en difficulté financière, ces produits représentent un coût important. Le contexte de crise sanitaire  a rendu encore plus difficile l’accès des femmes à ces produits.

Le Fédéral n’a pas les leviers principaux pour agir sur cette question. Cela passera essentiellement par les entités fédérées pour permettre un accès libre dans les écoles, les universités, les lieux culturels et sportifs, …

  • En Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ministre Linard a inscrit cette question dans son plan Droits des Femmes qui prévoit de soutenir des projets pilotes vers des publics précarisés.
  • En Région wallonne, Christie Morreale, a décidé de faire de la précarité menstruelle une priorité de la Conférence interministérielle – Droits des femmes, dont elle a la présidence cette année.

Les  Administrations qui dépendent du fédéral (SNCB, prison, police, services publics…) pourraient également donner un accès gratuit à ces produits. J’interpellerai dans ce sens mes collègues ministres compétents. Dans mon cabinet, les protections hygiéniques sont déjà en libre service.

 

Suivre l’exemple de l’Écosse, qui est le premier pays au monde à fournir gratuitement des produits hygiéniques à toutes les personnes qui en ont besoin.

 

L’Ecosse a envoyé un message important au reste du au monde, c’est-à-dire qu’il était possible de mettre en place un accès universel gratuit aux protections périodiques. Les autorités locales d’Écosse auront l’obligation de mettre gratuitement à disposition de toute personne qui en aurait besoin : tampons, serviettes, protège-slips et autres produits périodiques. Elles recevront un financement pour cela. Les produits sont rendus disponibles gratuitement dans les écoles, les lycées, les universités et autres bâtiments publics tels que les aéroports, les gares et des grandes administrations, dont le Parlement. En revanche, ils resteront payants dans les commerces. Ce qui s’est passé en Ecosse prouve également que mettre cette question de la gratuité  dans le débat public c’est aussi contribuer à lever le tabou qui subsiste toujours autour des règles. Encore aujourd’hui, les règles sont évoquées avec honte, parfois même avec un certain dégoût. Une autre question connexe qui se pose est l’accès à des toilettes publiques gratuit avec un équipement adapté (propreté et présence d’un évier). A ce niveau là aussi la Belgique a beaucoup de progrès à faire.