Le “Pride Month” a déjà commencé et le 17 mai c’est la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie et l’interphobie. Je profite de cette occasion pour vous faire un état des lieux des droits LBGTQI+ en Belgique, de ma vision en la matière et surtout de quelques victoires et projets en cours…
Constats
La Belgique est l’un des pays les plus avancés au monde en matière de droits LGBTQI+ : Deuxième pays du monde à officialiser le mariage entre personnes de même genre en 2003, loi contre les discriminations la même année, adoption pour les couples homosexuels en 2006, procréation médicalement assistée jamais interdite aux femmes lesbiennes, possibilité pour les personnes trans* de modifier leur genre enregistré et leur prénom sur simple déclaration à la commune depuis 2018…
Mon objectif premier est de consolider ces droits conquis de haute lutte par l’associatif LGBTQI+ et les remercier pour leur travail exceptionnel.
Alors, vous me direz, pourquoi faut-il encore se battre? Et bien il apparaît que les LGBTQI+ qui vivent dans notre pays rencontrent encore de nombreuses difficultés, discriminations ou violences, d’autant plus lorsqu’ils font partie des personnes les plus vulnérables de cette communauté.
- D’abord, l’espace public n’est toujours pas sûr. Les LGBT-phobies quotidiennes restent un fléau. Elles peuvent conduire à de véritables drames : vous connaissez les tristement célèbres noms d’Ihsane Jarfi ou de Jacques Kotnik. Depuis le début de mon mandat, deux meurtres homophobes ont été commis: celui de David à Beveren et de Jean-Pierre sur l’île Monsin à Liège.
- En Belgique : 1 personne sur 2 ne fait pas son coming out sur son lieu de travail.
- Les personnes intersexes subissent encore des opérations non-consenties qui peuvent les détruire à jamais.
- Les femmes lesbiennes et bisexuelles sont toujours victimes d’agressions sexuelles spécifiques.
- Les personnes trans* subissent encore différentes formes de transphobie et de dénégation de leurs droits dans tous les domaines de la société.
Le chantier
En arrivant à l’égalité des chances après 4 ans de N-VA à la manœuvre, autant vous dire que le chantier était énorme! Dès le début de mon mandat, j’ai tenu compte dans chacune de mes décisions des réalités des personnes LGBTQI+. Par exemple, pendant la pandémie, j’ai permis l’ouverture de plus de 30 places d’hébergement d’urgence pour des jeunes LGBTQI+ pour qui rester confinés avec leur famille était devenu intenable voire dangereux.
En parallèle, j’ai œuvré au renforcement structurel du secteur. J’ai donné à mes administrations les moyens de mener des politiques ambitieuses et efficaces pour les personnes LGBTQI+ sur le long terme. J’ai également dégagé des budgets pour soutenir la société civile LGBTQI+ à travers du financement structurel et des appels à projets, ce qui n’avait jamais été fait au niveau fédéral.
Avec Petra de Sutter, nous œuvrons pour une administration plus inclusive. Nous avons notamment mis sur pied une charte Diversité avec les directeurs des différentes administrations.
Beaucoup de manquements législatifs peu connus compliquent la vie des personnes LGBTQI+ au quotidien. Par exemple, l’arrêté royal octroyant la gratuité des contraceptifs féminins a été modifié à ma demande afin de permettre aux hommes trans d’y avoir accès. Je réalise un travail de fourmi pour identifier ces manquements et les résoudre.
Point d’honneur
Chaque jour, j’ai mis un point d’honneur à donner une visibilité inédite aux personnes LGBTQI+ et à leurs combats et à leur donner la parole : en célébrant les “journées internationales”, en rencontrant et valorisant une multitude d’associations de terrain, en défendant systématiquement une lecture intersectionnelle dans les politiques du Gouvernement et lors de mes interventions internationales, comme la carte blanche que j’ai écrite, signée par 14 pays européens contre les LGBTQI+phobies sur notre continent. Il me tient à cœur qu’elles aient de véritables références, de véritables rôles-modèles, et que l’on popularise les termes et les réalités qui les concernent.
Beaucoup de travail de l’ombre a aussi été réalisé. Je me réjouis d’en voir les fruits dans les semaines et mois qui viennent.
Pour une Belgique LGBTQI+friendly
Ce 13 mai, mon Plan Fédéral pour une Belgique LGBTQI+friendly sera adopté par le Conseil des Ministres. Il proposera plus de 130 mesures portées par 9 ministres dans différents domaines de la vie pour soutenir, protéger et valoriser les publics LGBTQI+. Il a pour vocation de résorber le gap entre l’arsenal législatif et la vie quotidienne des LGBTQI+, dans l’accès aux droits, la formation des professionnels, la possibilité d’être réellement entendu et en sécurité.
J’ai contribué à la création de la première “Maison Arc-en-Ciel de la santé” de Belgique, située dans le centre de Bruxelles, opérationnelle à partir du 16 mai 2022.
Les Thérapies de conversion seront interdites dans quelques semaines : je travaille en ce moment sur un projet de loi qui interdira les méthodes pseudo-médicales ou religieuses visant à forcer des personnes LGBT à changer d’orientation sexuelle ou d’identité de genre.
Les mouvements “anti-gender” devenant de plus en plus puissants et organisés en Europe, je vais lancer une étude pour réaliser un état des lieux du phénomène en Belgique.
Enfin, ma loi interdisant les interventions chirurgicales et hormonales non nécessaires sur les mineurs intersexes devrait aboutir en conseil des ministres en juin 2022. Un combat qui me tient particulièrement à cœur que j’avais déjà entamé en tant que parlementaire.
Pour conclure, je pense important de rappeler qu’il ne suffit plus d’être “tolérant” envers les personnes LGBTQI+. Face aux discriminations qu’elles subissent, nous devons nous lever pour défendre leurs droits, activement, ne rien laisser passer et activer les leviers qui sont à votre disposition du local à l’Europe! La mère des batailles c’est le changement des mentalités, c’est apprendre tôt que les identités et orientations LGBTQI+ ne sont pas des choix et ont la même valeur que le reste de la société. Pour cela il faut que toutes et tous s’engagent, pour faire de notre pays le lieu où tous les LGBTQI+ sont libres et respectés.