Le 6 février, c’est la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines. Une violence faite aux femmes et aux filles dont les racines s’ancrent profondément dans la culture patriarcale, qui reflète une volonté de domination et de possession du corps des femmes particulièrement cruelle, qu’il s’agit de combattre comme tel. 

La lutte contre les violences faites aux femmes est au cœur de mes combats politiques. L’éradication des MGF en fait logiquement partie. De nombreuses femmes et filles sont concernées en Belgique. 

Disposer de données fiables et à jour est indispensable pour lutter efficacement contre un phénomène. J’ai donc commandé une étude qui montre que plus de 23.000 femmes et filles excisées vivent en Belgique et que plus de 12.000 mineures risquent de subir une mutilation génitale. La plupart de ces filles et femmes vit à Bruxelles, Anvers et Liège. La Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire sont les cinq pays les plus représentés au sein de la population concernée en Belgique. Ces violences peuvent être perpétrées sur notre territoire ou lors d’un séjour dans le pays d’origine.

La lutte contre les MGF s’organise en plusieurs volets : la prévention, la protection des personnes à risque et l’accompagnement des femmes excisées. Elle peut toucher à différentes compétences : justice, santé, migration,…De nombreuses mesures relatives aux MGF sont inscrites dans mon plan d’action national de lutte contre les violences de genre, avec des engagements de différents Ministres. 

A Bruxelles et Anvers, nous avons mis en place deux centres de prise en charge pluridisciplinaire des mutilations génitales féminines. Ces centres qui accompagnent les femmes excisées ont la particularité de développer une approche holistique, pas uniquement centrée sur la réparation chirurgicale, comme c’est le cas à l’étranger. Afin de mieux les faire connaître, j’ai financé une grande campagne de sensibilisation qui a été développée par le GAMS. 

A ce propos, nous avons la chance de pouvoir compter sur une association féministe spécialisée, le GAMS, qui dispose d’une expertise hors pair, réalise un travail remarquable de documentation, d’information et de sensibilisation autour des MGF, qui est connectée avec les communautés concernées et réalise un accompagnement individuel et en groupe de femmes et familles concernées. Chaque année, le GAMS accompagne plus de 700 femmes. J’ai eu le plaisir de travailler main dans la main avec son équipe pour mener mes actions. 

Les MGF peuvent souvent se produire à l’occasion d’un départ en vacances. Plusieurs dispositifs existent pour prévenir ces situations. Le GAMS entreprend une évaluation des risques à l’aide d’un “dédectomètre”. Une action possible lorsqu’un risque est décelé est de conditionner l’autorisation de voyager de l’enfant à un contrat d’engagement sur l’honneur, à travers lequel les parents s’engagent à ce que leur fille revienne “intacte”. Y figure entre autres l’article 409 du Code Pénal belge interdisant les excisions. Ce document est ensuite traduit dans la langue d’origine pour pouvoir être compris par les membres de la famille vivant à l’étranger. Un examen de la génitalité de l’enfant à risque est réalisé par un médecin formé par le GAMS, avant et après son séjour. Lorsque les parents ne sont pas coopérants ou que le risque semble trop élevé, le parquet peut être saisi et délivrer une interdiction de sortie du territoire pour risque de mutilation génitale. J’ai financé une campagne portée par le GAMS visant à mieux faire connaître ce risque. 

La formation des professionnels de la santé est cruciale. Avec le Ministre de la santé, j’ai renforcé la formation et diffusé un manuel de bonnes pratiques face aux MGF. La loi prévoit que les hôpitaux doivent réaliser un reporting des MGF. Dans les faits, ce n’est que rarement appliqué. J’ai sensibilisé le milieu médical à ce bon réflexe. Nous avons aussi augmenté le nombre de protocoles de prise en charge des MGF au sein des services de maternité.

J’ai financé un colloque abordant les MGF dans une perspective de violences intrafamiliales avec de nombreux experts de haut vol et des acteurs de terrain : “Séminaire belge et européen concernant une politique de prévention et d’identification précoce des violences sexuelles et des MGF chez les enfants”. 

Dans notre législation, une enfant à risque de MGF bénéficie de la protection internationale. Mais le précédent Secrétaire d’Etat N-VA à l’Immigration n’avait rien trouvé de mieux à faire que de priver les parents de ces enfants du même droit, les plongeant dans une errance administrative de parfois plusieurs années. La société civile a régulièrement interpellé le politique sur cette absurdité. J’ai obtenu que la Secrétaire d’Etat à l’Immigration actuelle revienne à la situation antérieure et octroie un titre de séjour aux parents de filles risquant de subir des mutilations génitales dans leur pays, selon le principe du droit au respect de la vie familiale et en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. 

En Belgique, le cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), enfin formalisé, permettra aussi la prévention et la conscientisation des filles à risque. 

Bien sûr, il reste des choses à faire. Le Parlement européen et les pays de l’Union européenne ont récemment trouvé un accord quant à une première directive pour mieux lutter contre les mutilations génitales féminines.

Au niveau Belge, le GAMS alerte sur les conséquences d’une politique non harmonisée entre les Régions. Alors que la majorité des femmes et filles excisées ou à risque de l’être vivent en Flandre, les moyens financiers de la Région flamande ne suivent pas. Cela entraîne une augmentation des risques. Le travail se fait de plus en plus en urgence. Le GAMS réclame des financements structurels pour les associations de terrain dans chaque région de Belgique, ainsi que des formations élargies au personnel de l’enseignement, de la police et de la justice. Concernant les financements structurels : bonne nouvelle au fédéral, c’est en cours! Pour le reste, je continue de porter ces revendications au Parlement. 

Pour en savoir plus sur les MGF, je vous recommande l’ouvrage de l’incroyable Halimata Fofana “À l’ombre de la cité Rimbaud”.