Les deepnudes, ou « déshabillages numériques », sont des images et vidéos truquées exposant une personne (faussement) nue grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Cette nouvelle forme de violence sexuelle en ligne touche de manière disproportionnée la jeunesse et, évidemment, majoritairement les femmes.

En 2023, en tant que Secrétaire d’État, j’ai commandé une étude le sujet à l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, Child Focus et l’Université d’Anvers.

L’étude publiée récemment révèle des constats et statistiques inquiétants sur le phénomène. 42 % des jeunes Belges âgé·es de 15 à 25 ans sont au courant de l’existence de ces technologies, un quart d’entre eux en ont déjà vu (principalement via les réseaux sociaux) et 14 % en ont déjà reçu. De plus, une autre recherche menée par Home Security Heroes en 2023 a mis en lumière que 98 % des deepfakes avaient une connotation sexuelle, ciblant des femmes dans 99 % des cas. Le chiffre est énorme : ces contenus de violences sexistes et sexuelles numériques sont produits facilement, circulent librement et visent principalement les jeunes femmes, comme on pouvait bien s’en douter.

La technologie derrière les deepnudes est préoccupante car elle brouille la frontière entre l’authentique et le faux, rend extrêmement difficile la distinction entre une image authentique et une image truquée. Cette situation ouvre la porte à des abus et des manipulations d’une ampleur inédite, affectant non seulement l’intégrité de l’information mais portant surtout atteinte à l’honneur et à la réputation des personnes visées. La facilité d’accès à l’intelligence artificielle aggrave le problème. En effet, les applications en ligne offrent désormais la possibilité à quiconque de générer ces images, avec des projections alarmantes : plus de 90 % du contenu en ligne pourrait être manipulé dans un avenir proche. La majorité écrasante de ces contenus dénigrants ciblent les femmes, révélant non seulement un grave problème de violences sexuelles numériques et d’objectivation du corps féminin, symptôme de structures patriarcales et d’inégalités de genre ancrées dans notre société. Les conséquences de la création et de la diffusion de ces deepnudes sur les victimes sont profondes, avec non seulement des conséquences sociales et professionnelles dans la vie privée des victimes, mais également des séquelles psychologiques comparables à celles engendrées par d’autres formes d’abus sexuels en ligne.

Les deepnudes ne sont pas un phénomène isolé mais le reflet des inégalités de genre présentes dans notre société. Il est essentiel de promouvoir une prise de conscience collective sur les implications éthiques et morales de ces pratiques, tout en renforçant les cadres juridiques pour protéger efficacement les victimes. Le sexisme ne s’arrête pas en ligne – on le savait déjà. Le combat continue.

L’étude est consultable ici.