Interpellation en séance plénière le 9 octobre 2025 au Ministre Jambon. Le compte-rendu intégral se trouve ici.
Monsieur le ministre, vous nous avez promis des coups de bâton. Et j’imagine qu’en découvrant le rapport de votre administration, vous n’avez pas été déçu. Les chiffres font vraiment mal. Un tiers des salariés vont travailler plus longtemps pour une pension plus basse. Un travailleur sur cinq, une travailleuse sur dix, verra sa pension diminuer. La moyenne des pensions va diminuer également, passant de 1 390 euros à 1 072 euros. Êtes-vous sérieux? Cela fait 318 euros en moins par mois. Or, pour certaines personnes, pour certains ménages, c’est un montant considérable, monsieur le ministre. Je ne sais pas si vous vous en rendez bien compte.
Déjà, actuellement, les pensions des femmes sont inférieures de 30 % à celles des hommes. J’imagine que vous le savez. Je ne comprends pas que, quand vous avez ces chiffres sous les yeux, vous ne vous dites pas: « Moi, en tant que ministre, normalement garant du bien commun, je vais m’atteler à résoudre cet écart, un problème qui m’est soumis. » Non, vous vous dites qu’elles n’ont pas encore bien compris le message et qu’il faut leur redonner quelques bons coups de bâton pour qu’enfin, elles comprennent qu’elles doivent travailler plus. Avec vos mesures, vous allez donc creuser l’écart.
Quelle faute ont-elles commise? Elles ont pris soin de leurs proches. Elles ont en effet des carrières morcelées, des périodes de temps partiel parce qu’à certaines périodes de la vie, elles se sont occupées de leurs enfants, d’un proche malade, d’un parent âgé. En fait, elles ont fait le job à la place de l’État, gratuitement.
Pour les retraites anticipées, c’est la même chose. Vous durcissez les règles, sans tenir compte de la pénibilité de certains métiers. Sérieusement, monsieur le ministre, combien de travailleurs peuvent-ils aligner 42 ans de carrière pour pouvoir partir à 60 ans? Quelle infirmière est-elle diplômée à 18 ans? C’est juste impossible! Quel ouvrier à la chaîne ne connaîtra-t-il jamais aucune maladie professionnelle ou accident de travail? Sérieusement !
En Belgique, l’âge moyen de départ à la pension est aujourd’hui déjà de 63 ans. En France, par ailleurs, c’est l’âge légal. C’est même l’âge légal maximal. Alors, avec la Vivaldi, on a mis en place un bonus qui pousse à aller plus loin que 63 ans, un incitant, une carotte. Et vous, que décidez-vous de faire? Vous supprimez le bonus, vous mettez en place un bonus en toc ainsi qu’un malus qui va faire vraiment mal.
Monsieur le ministre, nous savons qu’à terme, pour chaque année de départ anticipé, les personnes perdront 5 % de leur pension. Pouvez-vous donc me confirmer qu’une personne qui partirait à 62 ans, avec une pension prévue de 1 072 euros, toucherait bien 804 euros?
Par ailleurs, j’ai l’impression que vous avez tendance à réduire la question des pensions basses à des comportements individuels. Cela revient à ignorer totalement les inégalités structurelles et historiques qui traversent encore aujourd’hui nos sociétés, et qui poussent certaines femmes à prendre davantage soin des enfants, mais aussi certains employeurs à engager les femmes ou à les reléguer dans des métiers moins rémunérés ou à temps partiels. C’est le cas notamment dans le secteur des titres-services.
Même s’il s’agissait de comportements individuels, comme vous le suggérez, qu’espérez vous? Les gens ne vont pas remonter le temps pour modifier une carrière déjà largement entamée. Vous changez les règles du jeu mais la carrière entamée est là. Vous acculez des personnes – des femmes, en l’occurrence – qui n’ont pas la possibilité de s’adapter aux nouvelles contraintes imposées pour obtenir une pension digne.
Je ne comprends pas où vous voulez aller. Enfin si, je comprends: vous voulez faire des économies, coûte que coûte, sans distinguer des situations pourtant très différentes. Vous allez donc plonger des milliers de personnes dans la pauvreté, alors que vous auriez pu faire d’autres choix. Gérer le vieillissement de cette manière relève de choix politiques. Jamais vous ne parlez de la façon dont vous considérez que nous devrions vivre et vieillir en Belgique. Ce sujet est totalement absent de votre réforme des pensions. C’est complètement dingue !
Monsieur le ministre,
- L’étude montre clairement une discrimination entre les hommes et les femmes. Allez-vous rectifier votre réforme pour réduire cette discrimination?
- Vous avez évoqué, dans les échanges relayés par la presse, la non-indexation de certaines allocations sociales. Cela concerne-t-il les pensions?
- Votre réforme pourrait être contrainte par l’article 23 de la Constitution et les principes de standstill. Quelles règles comptez-vous mettre en place à ce sujet?
- Les pensions touchées descendront en moyenne à 1 072 euros par mois, soit en dessous du seuil de pauvreté européen. Comment allez-vous faire pour y remédier?
Réponse du Ministre :
Monsieur le Président, chers collègues, vous avez souligné que les syndicats ont rendu publiques des informations qui avaient été communiquées à titre confidentiel. C’est exact. Vous vous en réjouissez peut-être, mais je tiens à souligner qu’il s’agit là d’une grave violation de la confiance entre les différentes parties à la table des négociations.
En effet, chaque page des documents rendus publics, de la page de garde aux tableaux et graphiques, porte explicitement la mention « confidentiel ». Il s’agit donc d’un acte délibéré, qui permet à certains de frapper un grand coup juste avant la manifestation du 14 octobre. Apparemment, c’est le jeu politique auquel nous assistons ici.
Ceux qui divulguent des informations le font toujours dans le but de faire échouer une réforme. Une réforme qui doit et sera mise en œuvre quoi qu’il arrive, malgré les fuites, les manifestations et les grèves. À mon avis, le principe de confiance sous-jacent entre les syndicats, le gouvernement et l’administration est toutefois important pour pouvoir poursuivre le dialogue social autour de réformes profondes. Lorsqu’un partenaire porte atteinte à cette confiance en divulguant des documents et en y associant des conclusions erronées, cela complique le débat. Un débat qui revêt une grande importance pour la vie de tant de personnes. Il serait bon que chacun aborde cette question difficile avec sérénité. Or, de telles informations effraient inutilement la population à l’approche de la prochaine réforme des pensions. Une réforme qui est pourtant équitable, logique et socialement juste pour tous, à condition d’être suffisamment honnête pour tenir compte de toutes les informations correctes.
Vous savez pourtant qu’un tiers des droits à pension dans le régime des salariés est constitué de périodes non travaillées ou assimilées. Ce chiffre est tout simplement trop élevé. Compte tenu des défis budgétaires auxquels sont confrontées nos pensions, cette situation n’est plus tenable. L’un des principes fondamentaux de cette réforme des pensions est précisément que nous voulons renforcer le lien entre le travail effectif et la constitution d’une pension. C’est pourquoi nous introduisons un pourcentage de limitation du nombre de périodes assimilées ou non travaillées dans une carrière. À partir de 2027, les périodes assimilées représentant plus de 40 % de la carrière ne seront plus prises en compte dans le calcul de la pension des salariés et des indépendants. Cette limite de 40 % diminuera chaque année de quelques pourcents jusqu’à atteindre 20 % en 2031, ce qui est déjà le cas pour les fonctionnaires.
Cette réforme des pensions n’est en aucun cas discriminatoire sur la base du sexe. Les périodes de soins, de maladie et de chômage temporaire ne sont pas concernées par ce plafond. Les travailleurs ayant des carrières fragmentées ou travaillant à temps partiel ne sont pas structurellement désavantagés. Le congé de maternité est entièrement assimilé pour la détermination de la date de pension et du montant de la pension.
Nous nous concentrons principalement sur les périodes de chômage de très longue durée, c’est-à-dire les périodes pendant lesquelles une personne aurait pu travailler, mais ne l’a pas fait. Notre choix est tout à fait défendable. Personne ne peut justifier qu’une personne qui a été au chômage pendant toute ou presque toute sa carrière reçoive finalement une pension plus élevée qu’une personne qui a effectivement travaillé et cotisé pendant toute cette période. En réalité, cette réforme des pensions sera un catalyseur supplémentaire pour réduire l’écart entre les hommes et les femmes, exactement le contraire de ce que certains ne cessent de nous reprocher.
Il est un fait que de plus en plus de femmes travaillent à temps plein ou à temps partiel. Elles se constituent ainsi leur propre pension, indépendamment de leur mari. Grâce à notre réforme, l’écart entre les pensions se réduira même d’ici 2070, par rapport à une situation où nous ne changerions rien.
Dans le débat sur l’écart entre les sexes en matière de pensions, nous devons également toujours tenir compte de l’écart salarial sur le marché du travail et de la réduction de l’écart en matière d’emploi. L’écart entre les sexes en matière de pensions reflète en grande partie les différences de salaire au cours de la carrière. L’écart entre les sexes est particulièrement faible lorsque l’on compare les salaires des hommes et des femmes appartenant à la même classe salariale. L’écart en matière de pensions diminue donc au fil du temps.
Dans ce contexte, je donne un chiffre à l’appui de la réduction de l’écart en matière d’emploi. La Commission d’étude sur le vieillissement a conclu que l’écart entre les sexes en matière d’emploi chez les 55-65 ans passerait de 20 points de pourcentage en 2000 à 6 points de pourcentage en 2070. Il est donc peu judicieux de tirer des conclusions sur la dimension de genre dans les pensions sur la base d’un instantané statique. Il est essentiel, en particulier pour les femmes, que la dynamique du marché du travail soit prise en compte dans l’analyse. En outre, nous renforçons également le principe d’assurance dans notre pension légale. Nous établissons une base solide, qui offre la solidarité nécessaire à ceux qui ne peuvent pas travailler ou continuer à travailler.
Compte tenu de l’évolution démographique et de l’augmentation prévue des coûts liés au vieillissement de la population, ne rien faire ou ne pas réformer serait une négligence coupable. C’est en partie à cela que ce pays doit tous ses problèmes actuels. Nous devons réformer maintenant, et c’est ce que nous faisons. Notre réforme des pensions repose sur des principes que la grande majorité de la société considère comme logiques et corrects, tels qu’une pénalité pour ceux qui cessent de travailler plus tôt et une prime pour ceux qui continuent à travailler plus longtemps.
Sans notre réforme, le coût des pensions atteindrait 30 % du PIB en 2070. Grâce à cette réforme, l’augmentation du coût global du vieillissement de la population sera réduite de moitié d’ici 2070, pour s’établir à 27,5 %, et la facture supplémentaire des pensions diminuera de près de 60 %.
Notre réforme nous permet donc de réduire l’augmentation des coûts des pensions de 1,3 % d’ici 2070 par rapport au précédent rapport de la Commission d’étude sur le vieillissement. Je vais faire une comparaison. Je sais que l’un des quatre intervenants a fait référence à la moyenne des pays de l’UE. Dans le pays moyen de l’UE, les dépenses sociales liées au vieillissement n’augmenteront que de 1,2 % entre 2023 et 2070, pour atteindre 25,6 % du produit intérieur brut en 2070. Nous resterons donc encore au-dessus de cette moyenne en 2070. Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’économies sur les pensions. Les coûts des pensions continueront en effet d’augmenter de 0,9 % d’ici 2070. Il s’agit donc d’une réduction des coûts supplémentaires.
Je regrette que les syndicats tentent de fermer les yeux sur les défis budgétaires réels auxquels nous sommes confrontés. Je tiens donc à rectifier certaines choses depuis cette tribune.
Premièrement, le Service fédéral des pensions est très clair sur le fait qu’une large majorité de 66 % des personnes ayant pris une retraite anticipée et de 74 % des personnes ayant pris leur retraite à l’âge légal de 65 ans ne subiront aucun impact négatif sur le montant de leur pension si les nouvelles règles de 2033 avaient déjà été applicables en 2023. Ainsi, 70 % des personnes concernées ne ressentiront aucun impact. Ceux qui travaillent et cotisent suffisamment ne subiront absolument aucune perte. Un grand groupe de personnes fait preuve de solidarité et sera récompensé pour cela à l’avenir. Nous voulons encourager au maximum un autre groupe plus restreint de personnes à reprendre le travail ou à continuer à travailler, à temps plein ou à temps partiel.
Si l’on examine le groupe qui pourrait être touché, à savoir environ 30 % des nouveaux retraités, il s’agit selon toute vraisemblance d’une estimation largement surévaluée. En effet, la simulation ne tenait pas compte d’un éventuel changement de comportement des personnes. L’impact d’autres changements politiques n’a pas non plus été pris en compte, comme la limitation de la durée du chômage, proposée par notre collègue ministre Clarinval, ou la mobilisation renforcée des malades de longue durée, un projet de notre collègue Vandenbroucke.
Le groupe restant comprend en effet des valeurs statistiques aberrantes qui semblent avoir un impact important. Je dis bien « semblent », car ici aussi, la nuance s’impose.
Ce groupe est composé de personnes qui ont accumulé une pension très faible, simplement parce qu’elles ne travaillaient pas et ne cotisaient donc pas, pour une raison ou une autre. Avant notre réforme, ces personnes avaient déjà une pension extrêmement faible, parfois de seulement 2 euros, lorsqu’elles atteignaient l’âge légal de la retraite.
Si l’on ramène ces montants de pension de 2 euros à 1 ou 0,50 euro, on obtient effectivement un impact de 50 % ou 75 %. Mais, encore une fois, il s’agit là de situations exceptionnelles et extrêmes qui ne sont pas représentatives de l’échantillon. Ce groupe comprend, par exemple, des femmes qui ont un jour choisi de s’occuper des enfants au sein de la famille, tandis que leur mari assurait les revenus. Leur pension doit donc être considérée au niveau du ménage. Souvent, le mari a en effet constitué une bonne pension pour toute la famille, et il s’agissait là d’un choix conscient du couple. Il ne s’agit donc en aucun cas de femmes qui se retrouvent dans une situation de pauvreté à cause de notre réforme. Il en va autrement des femmes seules en situation précaire. Si la réforme les fait passer sous le seuil de pauvreté, notre pays dispose d’un système d’aide sociale solide auquel elles peuvent toujours faire appel.
Deuxièmement, il n’est pas du tout certain que l’impact éventuel sur le montant de la pension soit un fait avéré. En réalité, au moins une partie des personnes proches de la retraite anticipée prolongeront leur carrière d’une période limitée à l’avenir et éviteront ainsi la pénalité – c’est ce qu’on appelle un changement de comportement – ou resteront en congé de maladie de longue durée jusqu’à l’âge légal de la retraite, évitant ainsi également la pénalité.
De nombreuses études menées dans d’autres pays qui appliquent déjà un système de bonus-malus confirment cet effet comportemental. La Commission d’étude sur le vieillissement prévoit même une augmentation du taux d’emploi des 55-66 ans de 59,8 % à 75 % en 2070. Cet effet comportemental indéniable n’a pas été pris en compte par les syndicats dans leur critique de la réforme des pensions.
Troisièmement, je tiens à rejeter le lien erroné entre la réduction du montant des pensions et l’assainissement budgétaire du système de retraite. La réforme des pensions n’entraîne pas d’économies substantielles sur le montant des pensions. Le gain budgétaire résulte principalement du fait que les personnes travailleront effectivement un ou deux ans de plus et qu’aucune pension ne devra donc leur être versée pendant cette période d’activité supplémentaire. Grâce à l’allongement de la carrière, tant le revenu disponible des personnes concernées que le montant de leur pension augmentent. Je voudrais d’ailleurs illustrer, à l’aide d’un exemple concret, l’impact social et budgétaire positif d’un allongement très limité de la carrière.
Prenons l’exemple d’une infirmière hospitalière qui a commencé à travailler à l’âge de 21 ans. Son âge de départ à la retraite le plus précoce est 63 ans. À ce moment-là, elle aura accumulé 42 ans de carrière. Au cours de cette carrière, elle a travaillé à quatre cinquièmes pendant 29 ans, a été en congé de longue maladie pendant 8 ans, a pris 2 ans de congé pour soins et a terminé sa carrière par un emploi à mi-temps pendant 3 ans.
Il ne s’agit pas d’une carrière au cours de laquelle elle a travaillé à temps plein de manière continue, mais elle a néanmoins apporté une contribution importante. Si elle prenait sa retraite à l’âge le plus précoce possible, soit 63 ans, cela entraînerait effectivement une pénalité d’environ 15 %. D’un point de vue statique, cela signifie une réduction considérable du montant qu’elle percevrait à la date de retraite la plus proche. D’un point de vue dynamique, cette perte potentielle de pension peut toutefois être évitée de manière raisonnable. Sa carrière nous apprend qu’elle ne remplit pas tout à fait les conditions de travail de 35 années travaillées à raison d’au moins 156 jours par an à mi-temps. En prolongeant son emploi à mi-temps d’un an seulement, elle échappera non seulement à la pénalité, mais elle accumulera également une pension supplémentaire. Une année supplémentaire de travail à mi-temps lui permettra d’obtenir une augmentation de plus de 20 % par rapport à une cessation d’activité à la date la plus proche possible avec application de la pénalité. Elle pourra ainsi continuer à bénéficier, trois ans avant l’âge légal de la retraite, d’une pension bien méritée et plus élevée que si la réforme n’avait pas eu lieu. En quoi cela est-il inhumain ou injuste ?
Madame Schlitz, grâce à notre réforme, il y aura certes moins de riches, mais surtout moins de pauvres. C’est là l’essence même de notre réforme. Le meilleur remède contre la pauvreté, c’est le travail, l’activité, l’autonomie. En bref, la capacité d’acquérir soi-même des droits à pension.
C’est précisément ce que notre réforme entend encourager et valoriser à travers différents mécanismes. Ainsi, même après l’âge légal de la retraite, il sera possible de constituer un bonus de pension. Et pour ceux qui sont déjà à la retraite, mais qui souhaitent exercer une activité complémentaire, cela sera possible à un taux d’imposition réduit.
Comme je l’ai souligné au début de ma réponse, l’un des principes fondamentaux de la réforme est de renforcer le lien entre le travail et l’acquisition de droits à pension. Il est donc logique que notre réforme, moyennant les corrections nécessaires, mette fin à la possibilité de prendre en compte sans restriction les périodes pendant lesquelles aucune activité professionnelle n’a été exercée et aucune cotisation n’a été versée.
Ma réplique :
Merci, monsieur le ministre.
Déjà, nous n’obtenons pas de réponse à nos questions, mais en plus, vous nous dites maintenant que le rapport de votre administration est une fake news. Est-ce cela que je dois comprendre? Que ce n’est pas vrai. Vous recevez un rapport qui vous dit qu’il y aura aggravation des inégalités entre les hommes et les femmes en raison de votre réforme. Ce rapport établit que la pension moyenne va diminuer à 1 072 euros par mois. Si j’étais à votre place, ce serait le branle-bas de combat. À un moment, on arrête tout. Ce n’est pas possible. Que fait-on avec 1 072 euros par mois? Les loyers s’envolent. La nourriture et le reste coûtent plus cher. Comment voulez-vous qu’une personne âgée, qui en plus nécessite de plus en plus de soins, et doit payer le médecin et les médicaments, fasse avec 1 072 euros par mois? Vous nous dites que c’est faux et que les syndicats disent des choses qui ne sont pas vraies. Mais heureusement que nous nous inquiétons!
Par ailleurs, monsieur le ministre, vous êtes profondément ingrat dans votre manière de considérer la carrière des femmes. Je pense que vous vous dites que les femmes sont chez elles à se limer les ongles, à se coiffer. Monsieur le ministre, à propos des femmes qui travaillent à temps partiel, qui, pensez-vous, se charge de conduire et de reprendre les enfants à l’école, à la piscine, qui se charge de prendre les rendez-vous chez le dentiste et de les y conduire? Quand des hommes, des pères, travaillent dans des usines la nuit, qui, pensez-vous, s’occupe des enfants? Se gardent-ils tous seuls? Ce sont les femmes. Et vous vous reposez sur le travail gratuit de la moitié de la population, qui assume toutes ces missions-là en fermant sa gueule.
Aujourd’hui, que leur dites-vous? Qu’il leur faudra compter sur la solidarité avec leur conjoint. Mais dans quel siècle vivez-vous? Connaissez-vous le divorce? Excusez-moi! Et en plus, vous supprimez le taux ménage. Donc la solidarité n’existera même plus dans les couples qui tiennent toujours. En cas de décès, que se passera-t-il? On sait que les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hommes. Que se passera-t-il alors en cas de décès? Vous le savez très bien. Franchement, arrêtez de tourner autour du pot et de dire que ce sont les autres qui n’ont pas compris, et prenez-vous en main. Modifiez cette réforme et faites en sorte que chaque personne puisse vieillir dans la dignité dans notre pays. C’est cela, votre boulot!