Le 8e Centre de Prise en Charge des victimes de Violences Sexuelles (CPVS), situé à Genk, en province du Limbourg, a ouvert ses portes aujourd’hui. Dans ce centre, les victimes limbourgeoises pourront accéder à des soins médicaux et à un soutien psychologique, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Désormais chaque province flamande dispose de son propre CPVS. Comme dans les autres centres, des preuves peuvent être recueillies par des infirmières légistes et la possibilité de déposer plainte sur place à un inspecteur des mœurs sera garantie. Le CPVS du Limbourg est situé sur le campus Sint-Jan du Ziekenhuis Oost-Limburg de Genk.
Les violences sexuelles touchent chaque année des milliers de Belges, et très majoritairement des filles et des femmes. Depuis le début de leur existence en 2017, les CPVS ont accueilli plus de 7370 victimes, un chiffre qui augmente au fur et à mesure que de nouveaux centres ouvrent. Les prochains centres qui ouvriront cette année seront situés à Namur et à Arlon.
65,4% des victimes passées par un CPVS ont décidé de porter plainte, soit 6 fois plus que dans un circuit “traditionnel”.
La lutte contre la violence sexuelle est ma priorité absolue. Chaque fois qu’un nouveau CPVS ouvre, nous constatons que rapidement, les victimes en trouvent le chemin pour obtenir de l’aide. Il est très rassurant de savoir que nous aidons tant de personnes. Avec l’ouverture de ce 8e CPVS, le Limbourg disposera de son propre centre. La société civile et les mouvements féministes ont joué un rôle essentiel pour mettre ce sujet à l’agenda politique et engranger des victoires, comme la création de ces centres où l’inscription du consentement dans le Code pénal.
Une prise en charge complète en un seul lieu
Les victimes de violences sexuelles doivent faire preuve de beaucoup de courage pour aller chercher de l’aide. Dans un circuit habituel, c’est-à-dire avant l’apparition des CPVS, elles devaient d’abord se rendre dans un commissariat de police où elles avaient la possibilité de déposer une plainte, mais un grand nombre de victimes ne souhaitaient pas le faire pour diverses raisons. Celles qui avaient porté plainte étaient dirigées vers un hôpital pour récolter d’éventuelles preuves. Le suivi s’arrêtait souvent là et les victimes ne disposaient pas automatiquement d’un soutien psychologique. Les violences sexuelles pouvaient dès lors entraîner un syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Nous savons qu’une bonne prise en charge psychologique réduit considérablement ce risque.
Dès l’ouverture du CPVS du Limbourg, les prélèvements des preuves seront effectués selon un plan médico-légal par étapes, beaucoup moins invasif, explique le Dr Pieter Jan Van Asbroeck, médecin urgentiste, qui assure la coordination médicale du CPVS. Comme les chances de trouver des traces de l’agression diminuent après 72 heures, il est important que les victimes se présentent rapidement au CPVS, même si, bien sûr, nous accueillons également toutes les victimes qui se présentent et dont l’agression sexuelle date d’il y a plus longtemps. Malheureusement, les victimes ont encore trop souvent l’impression d’avoir une responsabilité dans leur agression. Elles ne sont pas toujours prises au sérieux. Pour certaines victimes, cette forme de victimisation secondaire est encore plus traumatisante que l’agression en elle-même. Si nous pouvons éviter cela, en combinant une bonne prise en charge globale et une bonne prise en charge psychologique, je pense que nous avons déjà fait un très bon travail. En outre, il est important que nous puissions prélever les bons échantillons de la bonne façon, de manière non invasive. De cette façon, l’enquête peut se dérouler correctement et les auteurs peuvent être poursuivis afin qu’ils ne puissent pas créer de nouvelles victimes.
52 inspecteurs des mœurs spécialement formés
L’approche globale au sein des CPVS comprend également une coopération étroite entre les différentes forces de police du Limbourg et le ministère public. Lorsque les victimes de violences sexuelles aiguës souhaitent déposer une plainte, elles peuvent désormais s’adresser au CPVS du Limbourg. Les inspecteurs des mœurs concernés ont reçu une formation approfondie pour l’accueil des victimes de violences sexuelles. Lors de cette formation, l’attention a également été portée sur les techniques policières en matière de traçabilité et sur les structures d’assistance existantes. Pour l’ensemble de l’arrondissement judiciaire du Limbourg, 52 inspecteurs des mœurs ont été formés à la Provincie Limburg Opleiding en Training (PLOT). Ils proviennent de tous les districts de police locale du Limbourg et travaillent selon un système de rotation dans lequel ils sont à la disposition des CPVS 24 heures sur 24.
Un suivi judiciaire approprié des affaires
Le Parquet du Limbourg se réjouit de l’arrivée du CPVS qui marque un grand pas en avant dans la lutte contre les violences sexuelles. L’on s’attend à ce que le pouvoir judiciaire dispose plus souvent d’éléments suffisants pour pouvoir suivre une affaire de manière appropriée. Le parquet du Limbourg est également fortement engagé dans la coopération intersectorielle.
Réseau national
J’atteindrai l’objectif du Gouvernement de dix CPVS ouverts d’ici la fin 2023, pour mieux accueillir les victimes. Chaque victime aura un CPVS à maximum 1h de distance. Les CPVS déjà existants sont situés à Bruxelles (récemment agrandi), Gand, Liège (qui sera agrandi cette année), Anvers, Charleroi, Roeselare, Louvain et désormais Genk. Namur et Arlon viendront compléter cette cartographie du pays. Je rappelle que je plaide à plus long terme pour un total de 14 CPVS, soit un par parquet.