Voilà bientôt quatre mois que des millions de contraceptifs financés par l’argent public américain dorment dans un entrepôt à Geel (Anvers), coincés entre idéologie conservatrice, inertie diplomatique et absurdité bureaucratique. D’une valeur de près de 10 millions d’euros, ces stérilets, implants hormonaux, et traitements VIH de l’agence américaine USAID, destinés à soutenir des programmes de santé dans des pays d’Afrique, risquent toujours d’être incinérés. « Le président Trump s’engage à protéger la vie des enfants à naître dans le monde entier », affirmait alors la Maison Blanche. Résultat : ce matériel médical vital est menacé d’incinération — un gâchis humanitaire et une insulte aux droits fondamentaux.
Si certains médias affirmaient que le stock avait déjà été détruit, les autorités belges confirment qu’il est toujours sur notre sol. Mais faute d’accord, il pourrait être transféré vers la France pour y être incinéré. Or, le ministère flamand de l’Environnement rappelle que ces produits sont réutilisables et donc interdits d’incinération, sauf dérogation — laquelle n’a pas été demandée.
Interpellé à la Chambre, le ministre Prévot a confirmé « partager l’indignation » d’Ecolo et assuré que des démarches diplomatiques étaient en cours depuis fin mai. Pourtant, aucune solution concrète n’a encore été trouvée. Le stock reste propriété des États-Unis, et une saisie n’est possible qu’avec leur accord.
Pour Ecolo, cette situation dépasse largement le cadre d’un simple dossier administratif. Pire, le déplacement de certains conteneurs a un impact probable sur leur utilité et constituerait donc un gaspillage de milliers d’euros.
« Nous ne devons pas capituler face à cette guerre que mène Trump contre les droits des femmes, des personnes LGBTQIA+ et les populations des pays du Sud. C’est une question de vie ou de mort pour des millions de femmes », déclare Sarah Schlitz, cheffe de groupe Ecolo-Groen à la Chambre. « Nous devons nous lever, avec d’autres, contre cette décision abjecte et ouvrir la voie à une véritable résistance face à cette idéologie. C’est l’heure de la résistance. »
Médecins du Monde avertit : détruire ces contraceptifs créerait des milliers de grossesses non désirées, entraînerait une hausse des avortements à risque et augmenterait la mortalité maternelle dans les pays concernés. Dans un contexte de crises multiples, cette destruction serait une faute politique, sanitaire et morale majeure.
« On ne peut pas détruire du matériel médical. C’est illégal et c’est immoral », poursuit Sarah Schlitz. « Si demain M. Trump exige la destruction de denrées alimentaires, allons-nous obéir ? Où plaçons-nous la limite ? »