Comme chaque année, la Secrétaire d’Etat à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, Sarah Schlitz, a le plaisir de vous faire parvenir les derniers chiffres disponibles concernant les Centres de Prise en Charge des victimes de Violences Sexuelles (CPVS).
Pour rappel, les CPVS sont des centres spécialisés dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles, avec un accompagnement holistique: psychologique, médical, médico-légal. Ils offrent aussi la possibilité de porter plainte. L’ensemble du personnel présent dans le centre est formé.
Ces chiffres sont issus de l’activité des 5 centres existants en 2021 (ils sont aujourd’hui au nombre de 6).
Voici les grands enseignements :
Au 31 décembre 2021, les 5 CPVS de Belgique (Bruxelles, Gand, Liège, Anvers et Charleroi) avaient accueilli au total 4943 victimes depuis l’ouverture du 1er CPVS, en 2017. 1662 victimes se sont présentées sur la seule année 2021.
Le nombre moyen de victimes prises en charge n’a cessé d’augmenter depuis la création des premiers centres en 2017 : en 2021, la moyenne mensuelle était de 193 victimes par mois (les centres de Charleroi et d’Anvers ont été inaugurés mi-novembre 2021). Cette moyenne était de 86 victimes par mois en 2020 (avec donc 3 centres existants. Il y avait 128 victimes par mois dans ces 3 mêmes centres en 2021).
Parmi les victimes on compte au moins 90% de femmes (cisgenres, transgenres et mineures) et 10% d’hommes (8% du total des victimes majeures et 13% du total des victimes mineures). De plus en plus de victimes se rendent par elles-mêmes (et non via la Police) dans les CPVS: 43% en 2021 contre 35% en 2017-2018. Cela peut s’expliquer par l’augmentation de la notoriété des CPVS, notamment due à une communication accrue autour des centres.
En termes d’âge, on voit que les ados et jeunes adultes sont les publics les plus à risques (13-17 ans : 17% des victimes. 18-26 ans 35% des victimes) ce qui montre l’attention spécifique à apporter à ce public. La moyenne d’âge des victimes de violences sexuelles qui se présentent depuis 2017 pour tous les CPVS est de 24 ans.
Dans 66% des dossiers la victime connaissait l’auteur ou les auteurs : pour 15 % des victimes, l’auteur était un (ex-)partenaire ; dans 11 % des cas, il s’agissait d’un membre de la famille ou du ménage comme un parent ou beau-parent ; pour 40 % des victimes, il s’agissait d’une connaissance. Dans 34 % des cas, l’auteur était inconnu.
Ces chiffres montrent à quel point le profil des auteurs de violences sexuelles ne correspond pas à l’imaginaire collectif du violeur qui agresse sa victime dans l’espace public par surprise. La connaissance de cette complexité est nécessaire aussi en termes de prévention et sensibilisation.
Autre élément intéressant : on remarque qu’au fil du temps, depuis 2017, les victimes qui connaissent leur agresseur sans qu’il ne soit un (ex-)partenaire ou un membre de la famille sont de plus en plus nombreuses à se présenter : de 34% en 2018 à 40% en 2021. Cette évolution peut s’expliquer par l’impact du mouvement #MeToo et ses déclinaisons sur les mentalités : les victimes osent davantage parler et chercher de l’aide, le concept de consentement est mieux connu et la démystification du profil du “violeur” permet de prendre en compte plus de types d’agressions sexuelles.
66% des victimes passées par un CPVS portent plainte, soit un taux 6 fois supérieur aux victimes passant par un “circuit classique.” Les auteurs agissent seuls dans 87% des cas.
Les auteurs étaient des hommes dans 98% des cas, des femmes dans 1% des cas, au moins un homme et une femme dans 1%.
La lutte contre les violences sexuelles est ma priorité absolue. 5 ans après l’ouverture du premier centre, nous avons le recul nécessaire pour affirmer que les CPVS constituent une réponse optimale aux souffrances des victimes de violences sexuelles. À chaque ouverture d’un nouveau CPVS, nous voyons que très vite, les victimes trouvent le chemin des centres afin de recevoir de l’aide. C’est très rassurant de savoir que nous aidons autant de personnes.
Je tiens à remercier les nombreux travailleurs et partenaires qui y contribuent. Ces derniers moi, les mouvements comme #Balancetonbar et #Balancetonfolklore ont vu le jour. j’aimerais saluer le rôle essentiel qu’ont joué ces militantes qui a permis de libérer l’écoute des victimes et de pointer des faits intolérables jusqu’ici banalisés dans le monde de la nuit. Bien sûr, beaucoup de travail reste à abattre pour éradiquer ces violences de notre société. Chaque acteur doit prendre ses responsabilités. Je 2 travaille au quotidien avec les entités fédérées pour faire changer les mentalités. J’aimerais saluer le travail de certaines communes, comme Ixelles, qui a décidé de regarder la réalité des violences sexuelles en face en commandant un rapport accablant qui révèle que seulement 19 % des répondant·e·s accordent leur confiance au personnel dans le monde de la nuit. Le secteur horeca aussi doit faire sa part.
Le CPVS de Roulers était inauguré le 8 mars 2022. Quatre autres CPVS ouvriront leurs portes prochainement à Leuven, Genk, Namur et Arlon. Les CPVS sont accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, quel que soit le contexte de la victime.