“Il y aura un avant et un après.”

 

Il y a 1 an, début octobre 2021, le mouvement #BalanceTonBar démarrait à Ixelles suite aux agressions sexuelles survenues dans 2 bars du quartier étudiant. Plusieurs femmes affirment avoir été droguées puis violées. Sur les réseaux sociaux des centaines de témoignages concernant les mêmes deux bars d’Ixelles mais aussi d’autres cafés et/ou boîtes de nuit émergent, d’abord à Bruxelles puis partout en Belgique. Le mouvement devient ensuite une véritable déflagration internationale avec des témoignages similaires, en Espagne, en France, au Canada…

 

Le 14 octobre 2021, au moins 1300 personnes, essentiellement des femmes, défilent dans les rues d’Ixelles et l’Union féministe intersectionnelle autogérée (UFIA) appelle au boycott des bars et des clubs durant le vendredi de la manifestation.

 

A l’initiative de la commune d’Ixelles et pour déterminer l’ampleur du phénomène, une enquête par questionnaire a été remplie par 826 femmes, entre 18 et 30 ans, qui fréquentent la place Flagey et/ou le Cimetière d’Ixelles. Les résultats sont sans appel : 4 femmes sur 10 déclarent avoir subi des attouchements, 6 femmes sur 10 ont été “frottées” dans la foule, 20% expliquent que des agresseurs ont profité de leur état d’ébriété pour leur imposer ou tenter de leur imposer des rapports sexuels et environ 15% affirment avoir été droguées à leur insu. Près de la moitié des répondantes confie spontanément avoir déjà été victime de harcèlement ou d’agressions sexuelles.

 

Prises de mesures

Le Gouvernement fédéral a, dès le départ et sous mon impulsion, mis en place différentes mesures, qui vont dans le sens des revendications de terrain.

  • L’adaptation de la notion de consentement dans le Code pénal. Désormais, le consentement ne pourra être déduit de la simple absence de résistance de la victime. Cela signifie que, lorsqu’elles subissent un viol, les victimes n’ont plus à démontrer la violence, la contrainte, la menace, la surprise ou la ruse, comme c’était le cas précédemment.
  • En 2020, à la prise de fonction de Sarah Schlitz, il y avait 3 Centres de Prise en Charge des Victimes de Violences Sexuelles (CPVS) en Belgique. Ils sont aujourd’hui au nombre de 7 à Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, Roulers, Leuven et Gand. En 2023, 3 autres CPVS ouvriront à Namur, Genk, Arlon. Dans le cadre du conclave budgétaire, la Secrétaire d’Etat a également obtenu des moyens supplémentaires pour avancer vers l’ouverture de 4 CPVS supplémentaires (dans les parquet de Mons, Eupen, Brabant-Wallon et Halle-Vilvoorde) en plus des 10 énumérés.
  • Les élargissements des CPVS de Liège et de Bruxelles sont en cours.
  • Une campagne nationale afin de faire connaître les CPVS sera déployée avant l’été 2023, lorsque les 10 CPVS prévus seront en fonction.
  • -Le projet “campus” sera bientôt lancé. Il a pour objectif d’organiser des séances d’informations et d’actions en milieu festif et sur les campus universitaires, les hautes écoles et les écoles supérieures des arts afin de sensibiliser au consentement, aux violences sexuelles et de faire connaître les CPVS.
  • Le Plan d’Action National de lutte contre les violences de genre (2021-2025) est en phase de réalisation, il a été créé, pour la première fois, en concertation avec la société civile et il prend en compte toutes les formes de violences de genre. Ce plan contient différentes mesures consacrées à la formation des professionnels afin de mieux prendre en compte les particularités des victimes et des auteurs dans les cas de violences basées sur le genre : magistrats, Commissions d’aide juridique, avocats pro deo des Bureaux d’aide juridique, services de police…

 

« Les collectifs de femmes qui s’organisent réclament des mesures structurelles, pas forcément des “coupables”. En cela, la Belgique a beaucoup été imprégnée par ces mouvements, on voit qu’il y a véritablement un avant et un après, par exemple dans les festivals cet été, dans les lieux de sortie, sur les campus… Le mouvement #BalanceTonBar a éclaté au moment où je mettais sur pied mon Plan d’Action National de lutte contre les violences de genre. Ces mobilisations m’ont aidée à défendre un plan le plus ambitieux et complet possible en négociation avec d’autres ministres. Toutes les entités du pays doivent jouer leur rôle, de l’école à la justice, de l’Horeca aux universités, en passant par les médias, la police, en collaboration avec les associations de terrain, qui travaillent sans relâche sur ces sujets depuis des décennies. » – Sarah Schlitz, Secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres