En cette Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants, je m’inquiète du retard dans la mise en œuvre des recommandations de la commission d’enquête sur les abus sexuels votées à l’unanimité par les députés en mai 2024.
Les 137 recommandations, issues d’un travail approfondi et interdisciplinaire mené par la commission d’enquête du Parlement fédéral dont je faisais partie, visent à renforcer la prévention, améliorer l’accompagnement des victimes et garantir une réponse judiciaire efficace. Nous disposons d’une feuille de route ambitieuse adoptée à l’unanimité pour protéger les enfants et offrir des perspectives de guérison aux victimes ce ces abus terribles. Or, il est dommage de constater que la Région Wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles n’ont pas pris le soin d’intégrer les recommandations qui les concernent dans leurs accords de majorités.
Les centres de planning familiaux ont par exemple un rôle central à jouer dans la prise en charge des victimes, mais ils sont aujourd’hui débordés. Le rapport recommande de débloquer des moyens pour leur permettre d’organiser des groupes de parole, une demande récurrente chez les victimes, les proches de victimes comme les professionnels. Que constate-t-on? Rien n’est prévu dans les accords de majorité. Et on s’attend même à des diminutions de budgets.
Je souligne également l’absence de mesures spécifiques pour renforcer l’éducation à la vie relationnelle et affective à l’école (EVRAS), un outil essentiel pour garantir l’intégrité physique des enfants actuellement non dispensée dans notre nombreuses écoles malgré l’obligation. Je regrette l’insuffisance de formations spécialisées pour les agents des Services d’Aide à la Jeunesse et, plus globalement, le manque de moyens, voire les coupes budgétaires, pour les associations actives sur ces enjeux.
J’en appelle donc à des actions rapides. Ces recommandations ne peuvent pas rester lettres mortes. Nous nous sommes engagés auprès des victimes et leurs proches.
J’appelle les négociateurs fédéraux à prendre cette question au sérieux en dégageant les moyens nécessaires pour appliquer les recommandations de la commission qui leur reviennent.