L’insuffisance cardiaque concerne une personne sur cinq en Belgique. Avec 15.000 diagnostics annuels, ils seront 400.000 patients atteints en 204O si on n’inverse pas la tendance. C’est une menace pour notre système de soins de santé et devrait logiquement devenir une priorité en matière de santé publique. Or, les restrictions budgétaires organisées par le gouvernement MR/NVA ne permettent plus de traiter les 230.000 patients insuffisants cardiaques conformément aux recommandations européennes et passe complètement à coté de la prévention.
Pourtant, 50% des réadmissions coûteuses pourraient être évitées ce qui représenterait une économie de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Une résolution au parlement fédéral
Le groupe Ecolo-Groen a travaillé avec des cardiologues et associations de patients au niveau belge et européen pour la rédaction de recommandations visant à prévenir les maladies cardio-vasculaires.
Selon l’OMS (2015), diminuer les effets des facteurs de risques (surpoids, alcool, tabac, activités physiques, hypercholestérolémie, etc.) permettrait d’éviter 80% des maladies cardiovasculaires[1]. (voir nos propositions en alimentation, alcool, tabac, perturbateurs endocriniens, étiquetage des aliments, …)
Cependant, en Belgique, les maladies cardiovasculaires sont encore sous-estimées et sous-diagnostiquées[2].
Les professionnels de la santé devraient pouvoir reconnaitre, diagnostiquer et gérer les personnes à haut risque de maladies cardiovasculaires. De ce fait, une formation reconnue et transversale est donc nécessaire pour tous les professionnels de la santé pendant leur cursus académique afin qu’il y ait une certaine standardisation de pratique de diagnostic et de traitement des maladies cardiovasculaires reflétant les guidelines basées sur l’evidence based medecine[3]
En outre, au vu du développement des connaissances médicales et technologiques, l’instauration de formation continue devrait pouvoir être proposée à tous les professionnels de la santé travaillant dans ce secteur de la santé[4].
D’une part, il faudrait donc renforcer la coordination des différents niveaux de pouvoir au sujet des préventions des maladies cardiovasculaires.
D’autre part, il faudrait également permettre à la population d’accéder plus aisément à des examens diagnostics préventifs via un remboursement adéquat.
De l’importance de développer des méthodes de prévention tertiaire
Selon les professionnels de la santé, les maladies cardiovasculaires font parties des maladies chroniques (caractérisée par leur durée, leur évolutivité, etc.).
Les maladies chroniques sont souvent associées à une invalidité et des complications entrainant, parfois de manière très importante, une modification du mode de vie des patients[5]. Ceux-ci doivent adapter leur vie à leurs nouvelles conditions médicales car elles nécessitent une prise quotidienne de multiples médications, des visites médicales hebdomadaires ou mensuelles et des changements au niveau des aptitudes au travail et des habitudes de vie en termes d’alimentation, de tabac, d’alcool, d’activité physique, etc. Les maladies chroniques ont donc un impact sur la socialisation de l’individu et sur sa qualité de vie[6].
Ces contraintes sont généralement très peu conciliables avec une vie socioprofessionnelle. Elles peuvent causer : (1) une perte d’emploi ; (2) un isolement social ; (3) un repli sur soi ; (4) une diminution de l’estime de soi ; (5) une limite dans les activités nécessaires à un « équilibre personnel » ; etc.[7] Au sujet de l’activité socio-professionnelle, il est difficile pour les malades chroniques de maintenir leur activité professionnelle en raison des absences à répétition, à l’incapacité à réaliser certaines tâches, à l’inadaptation du poste de travail, à la fatigue accrue, etc.[8] [9]. Il en est de même pour les personnes ayant une maladie cardiovasculaire.
Si ces dispositifs d’accompagnement multidisciplinaires et centrés sur le patient, selon leurs besoins, existent en Belgique, ils ne sont pas suffisamment proposés ou mis en place[10]. En 2007, seuls 4,4% des projets de santé se centraient sur de la prévention tertiaire et 2,9% se focalisaient sur des approches de prévention combinées (secondaire et tertiaire). En effet, la majorité des projets de prévention sont axés sur de la prévention primaire (64%)[11], c’est-à-dire avant même que la maladie se soit déclarée.
Le gouvernement, de manière coordonnée avec les entités fédérées, doit dès lors encourager la création de programmes de santé au niveau de la prévention tertiaire.
Par ailleurs, selon la Ligue Cardiologique de Belgique, le Groupe de Travail belge sur l’Insuffisance Cardiaque et l’association des patients « Mon cœur entre Parenthèses » (2017) pointent le fait que les dernières restrictions budgétaires vont provoquer une insuffisance de prise en charge des patients ayant une maladie cardiovasculaire alors qu’il y a : (1) déjà une insuffisance accrue de moyens octroyés aux équipes pluridisciplinaires, qu’elles soient internes ou externes à l’hôpital, dans cette prise en charge et (2) qu’il y a une mauvaise coordination des services et de l’accès au suivi post-accident cardiovasculaire provoquant des hospitalisations et des réadmissions plus importantes alors qu’elles pourraient être évitées[12].
Le gouvernement doit assouplir ces critères d’admissibilité au remboursement de cette rééducation cardiaque et permettre à plus de patients, ayant un statut socio-économique plus faible, d’accéder à ces soins de santé via une diminution de ticket modérateur pour les soins post-accident cardiovasculaires.
A travers cette résolution, nous demandons au gouvernement
- dans le contexte de maladies chroniques et des soins intégrés, de renforcer la prévention des maladies cardiovasculaires et du suivi à long terme des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires ;
- de permettre aux professionnels de la santé d’intensifier leur formation relative au diagnostic, à la gestion et au traitement des maladies cardiovasculaires, pendant leur cursus académique et durant leur formation continuée ;
- de mettre en place des systèmes d’évaluation afin d’estimer plus précisément la prévalence et l’incidence des maladies cardiovasculaires auprès de notre population et de pouvoir organiser le suivi et l’accompagnement des personnes ayant eu un accident cardiovasculaire et/ou une maladie cardiovasculaire ;
- de consolider la coordination entre les différents niveaux de pouvoir en termes de sensibilisation, de prévention, à tous les niveaux de celle-ci, et de suivi à long terme ;
- d’accroitre et de mieux répartir l’offre de rééducation cardiaque globale sur l’ensemble du territoire ;
- de créer, en concertation avec les médecins généralistes, les acteurs de première ligne (infirmiers, kinésithérapeutes, diététiciens, etc.) et les médecins spécialistes, un soutien à la coordination afin de créer, autour et avec le patient, un suivi pluridisciplinaire, que ce soit en intra ou en extramuros, à long terme pour les patients atteints de maladies cardiovasculaire ou à risque d’en développer une ;
- d’améliorer le remboursement des examens diagnostics ;
- d’assouplir les critères d’admissibilité au remboursement de rééducation cardiaque et de diminuer le coût des tickets modérateurs des soins post-accident cardiovasculaire afin que tous les patients qui en ont besoin y aient accès.
Bibliographie
[1] Organisation Mondiale de la Santé. (2015). Maladies cardiovasculaires [Version en ligne]. Consulté le 25 avril 2017, disponible à l’adresse suivante : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs317/fr/
[2] Ligue Cardiologique Belge, Belgian Working Group on Cardiovascular Nursing et al. (2016). Journées Européennes de l’insuffisance cardiaque. Table-ronde sur l’insuffisance cardiaque. Rapport du 9 mai 2016, 19 p.
[3] The Health Policy Partnership. (2016). The Heart Failure Policy Toolkit. Helping advance meaningful policy change on heart failure, Royamune-Unis : Londre, p. 5-6
[4] The Health Policy Partnership. (2016). The Heart Failure Policy Toolkit. Helping advance meaningful policy change on heart failure, Royamune-Unis : Londre, p. 5-6.
[5] Bauman C. & Briançon S. (2010). Maladie chronique et qualité de vie : enjeux, définition et mesure, in ADSP, n°72, p. 19-21.
[6] Avril C. & Pradines D. (2010). Maladies chroniques et qualité de vie “sociale”, in ADPS, n°72, p. 22-24.
[7] Bauman C. & Briançon S. (2010). Maladie chronique et qualité de vie : enjeux, définition et mesure, in ADSP, n°72, p.20.
[8] Avril C. & Pradines D. (2010). Maladies chroniques et qualité de vie “sociale”, in ADPS, n°72, p. 22-24.
[9] Mutualité Chrétienne. (s.d.) Maladie chronique et travail [version en ligne]. Consulté le 16 mai 2017, disponible à l’adresse suivante : https://www.mc.be/que-faire-en-cas-de/maladie-accident/maladie-chronique/travail/index.jsp
[10] The Health Policy Partnership. (2016). The Heart Failure Policy Toolkit. Helping advance meaningful policy change on heart failure, Royamune-Unis : Londre, p 19.
[11] Moreau N., Coppieters ‘t Wallant Y., Levêque A., Leurquin M.M. et Collignon J.-C. (2007). Elaboration d’un cadastre des actions et projets de prévention et de promotion en santé cardiovasculaire en Communauté française de Belgique [version électronique], Université Libre de Bruxelles, Ecole de Santé Publique, Département d’Epidémiologie et de Promotion de la Santé,Belgique : Bruxelles, p. 38. Disponible à l’adresse suivante : socialsante.wallonie.be/sites/default/files/cadastre_cardio.pdf
[12] Ligue Cardiologique Belge. (2017). Communiqué de presse. Journées Européennes de sensibilisation à l’insuffisance cardiaque du 5 au 7 mai 2017.Les restrictions budgétaires actuelles ne permettent plus de traiter les 230 000 patient insuffisants cardiaques conformément aux recommandations européennes. 6p.