Question posée au Ministre Vandenbroucke le 16 juillet 2025. Compte-rendu intégral à retrouver ici.

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Ministre,

Une nouvelle étude du SPF Santé Publique révèle un malaise croissant dans la profession des infirmiers.

  • 1/4 des infirmiers veulent partir après moins de 10 ans d’ancienneté (7% pour ceux de +30 ans ancienneté)
  • 43% infirmiers en Wallonie se sentent en mauvaise santé
  • reconnaissance par la hiérarchie: 70% en Flandres, 56% en Wallonie
  • 60% seulement des infirmiers diplômés sont actifs dans le secteur

Vous êtes en train de faire prolonger la possibilité pour les infirmiers de travailler après l’âge de la pension. Mais le secteur a besoin de solutions pérennes.

Ces travailleurs réclament du temps et des conditions de travail dignes.

Quelles sont les solutions long-termes que vous allez adopter ? Quel résultat du travail entamé en 2022 peut-on apercevoir ? Quelles politiques de prévention allez-vous développer ?

 

Réponse du Ministre : 

L’enquête sur la carrière des infirmiers à laquelle vous faites référence a été réalisée à la demande de la commission de planification afin d’intégrer ces perspectives lors de ses prochains travaux sur la profession. Dans l’attente de ces travaux, les professions d’infirmier et d’aide-soignant font l’objet d’un monitoring récurrent de leur force de travail par mon administration.

Afin d’avoir une vision globale des problèmes de bien-être au travail rencontrés par le secteur des professionnels des soins de santé, j’ai commandé l’étude Be.well.pro. J’attends pour fin 2025 les recommandations de cette étude, qui me permettront de mettre en œuvre des actions ciblées pour améliorer le bien-être au travail.

En juin 2024, la commission de planification a rendu un avis sur la force de travail des infirmiers et a formulé des recommandations suite au scénario d’évolution de la force de travail d’ici 2046. L’avis recommandait de poursuivre les réformes du cadre législatif des soins infirmiers entamées en 2022. C’est ce que j’ai fait. Ainsi, la fonction d’assistant en soins infirmiers a été créée. Les premiers diplômés seront sur le marché de l’emploi en Flandre en juin 2026. Ils offriront un support non négligeable aux infirmiers. En 2024, la possibilité de réalisation d’activités infirmières par des aidants qualifiés dans le cadre du secteur de l’aide pour les bénéficiaires en situation stable a été introduite dans la loi. La réalisation d’activités qui devaient auparavant être réalisées par les infirmiers peuvent maintenant légalement être réalisées par des tiers dans le cadre des activités de la vie quotidienne.

Ces législations permettront aux infirmiers de réduire leur charge de travail et d’utiliser leurs compétences spécifiques là où elles sont indispensables. Vers la fin de cette année, nous travaillerons activement aux arrêtés d’exécution afin de permettre à l’infirmier en soins généraux de déléguer des activités infirmières de la catégorie B2 à des assistants en soins infirmiers et des activités infirmières plus simples – la catégorie B1 – à d’autres professionnels de la santé dans le cadre d’une équipe de soins structurés.

Dans le futur, la nouvelle fonction d’infirmier de pratique avancée, mise en œuvre en 2024, offrira des perspectives de carrière horizontale aux infirmiers. Cette perspective devra se poursuivre avec l’introduction de la fonction d’infirmier chercheur clinicien.

Toutes ces réformes devraient avoir des effets concrets dans le futur, tant sur l’activité que sur la rétention des infirmiers. Je n’ai pas mentionné tous les détails des réformes qui ont été réalisées ou qui sont prévues, mais il est évidemment aussi crucial de revaloriser concrètement le contenu du profil et les possibilités d’action des infirmiers responsables pour les soins généraux.

Il est d’ailleurs précisé dans l’accord de gouvernement qu’il faut absolument revaloriser ce type de professionnel, qui sera chargé de la coordination des équipes de soins structurés.

 

Ma réplique : 

Merci pour cette réponse, monsieur le ministre. La fin de votre réponse me rassure, car j’entends votre volonté de renforcer et de revaloriser la fonction. Ce processus passe, selon moi, par au moins deux choses. La première est évidemment la revalorisation salariale parce que beaucoup d’infirmiers et infirmières se sentent en réalité lésés par rapport à leur investissement et à leur travail. Ils ont l’impression que, par rapport à d’autres professions, ils sont bien peu considérés au regard de leur salaire.

L’autre aspect, c’est évidemment le temps de pouvoir faire son travail dans des bonnes conditions auprès des patients, qui sont des personnes malades et dont ils représentent parfois la seule visite de la journée. On ressent la détresse des soignants, qui ont peur de mal faire leur travail en raison de l’absence de collègues ou de pénuries de personnel.

Il s’agit là d’un système qui fonctionne à flux tendu et qui est à deux doigts de craquer. Selon moi, c’est vraiment sur ce front qu’il faut avancer. On ne peut pas continuer à se dire qu’on va continuer à faire travailler des infirmiers et infirmières pensionnés au-delà de l’âge de la pension pour pallier les pénuries – ce qui, par ailleurs, creuse un nouveau trou dans la sécurité sociale – et déléguer toute une série d’actes à d’autres professions, ce qui a pour effet de dévaloriser la fonction d’infirmier ou d’infirmière. 

Il est temps d’entreprendre des réformes structurantes qui permettent aux infirmières et aux infirmiers de poursuivre leur métier et d’en avoir envie, alors que c’est souvent une passion pour laquelle des jeunes décident de suivre ces études. Donc, ne les décevons plus.